Tensions à Bruxelles après l’intervention de Breton sur la toile de Musk

La Commission européenne a publiquement désavoué son commissaire chargé du numérique 24 heures après la mise en garde adressée par ce dernier à propos de la modération des contenus sur X.

Un camouflet pour Thierry Breton. Le commissaire européen chargé du numérique a été rappelé à l’ordre ce mardi 13 août 2024 par Bruxelles. La Commission a notamment regretté le « timing » et la « formulation » de la lettre écrite par le Français la veille.

Il s’agit d’une correspondance publique adressée au PDG de X, Elon Musk, quelques heures avant une interview de ce dernier avec le candidat républicain à la Maison Blanche, Donald Trump. L’entretien diffusé sur le réseau social autrefois baptisé Twitter a été marqué par des ratés, des fake news ainsi que le discours anti-immigration entre autres.

Musk a notamment été appelé « à assurer que toutes les mesures d’atténuation proportionnées et efficaces soient mises en place concernant l’amplification des contenus préjudiciables en lien avec des événements pertinents, incluant la diffusion en direct, ce qui, si non traité, pourrait augmenter le profil de risque de X et générer des effets néfastes sur le discours civique et la sécurité publique ».

Une initiative solitaire ?

« Mes services et moi-même seront extrêmement vigilants (…) concernant d’éventuelles violations du DSA, et nous n’hésiterons pas à utiliser tous les outils à notre disposition, y compris des mesures temporaires, si cela s’avérait nécessaire pour protéger les citoyens européens », a ajouté Thierry Breton.

Le DSA, acronyme anglais de « Digital Services Act », est la nouvelle législation phare de l’UE destinée à encadrer le pouvoir des grandes plateformes du numérique. X fait à cet effet l’objet d’une enquête officielle de l’UE pour « dissémination de contenus illégaux » entre autres.

Mais pour la Commission européenne, la lettre de Thierry Breton n’a été « ni coordonnée ni convenue avec la présidente [Ursula von der Leyen] ou le Collège des commissaires ».

Accusations d’ingérence

Il s’agit d’une façon pour Bruxelles de se placer au-dessus de la mêlée alors que la publication de la lettre du commissaire chargé du numérique a provoqué des accusations d’ingérence dans les affaires intérieures américaines.

« Il s’agit d’une tentative sans précédent d’étendre une loi (le DSA) destinée à s’appliquer en Europe à des activités politiques aux États-Unis. Cela fait également preuve de paternalisme envers les citoyens européens, laissant entendre qu’ils sont incapables d’écouter une conversation et d’en tirer leurs propres conclusions », a notamment réagi Linda Yaccarino, directrice de X.

Alors que la présidentielle américaine se rapproche, l’hypothèse d’un retour de Trump à la Maison Blanche, inquiète au sein de l’UE. D’autant que Musk se pose en amplificateur du discours du candidat républicain.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.