En portant son choix sur la candidature d’Aliou Diallo, le Chérif de Nioro a non seulement fait de cet entrepreneur de 58 ans le favori du scrutin présidentiel du 29 juillet, il a également sans doute envoyé à la retraite deux dinosaures de la vie politique malienne, Ibrahim Boubacar Keïta et Soumaïla Cissé.
Les deux finalistes de l’élection présidentielle de 2013, membres éminents du « club des ex », ces anciens ministres et premier ministres qui trustent depuis vingt-cinq ans le pouvoir au Mali, se retrouvent ringardisés par la décision du dignitaire religieux de se tourner vers une figure de la nouvelle génération, qui est, de surcroît, issu du monde de l’entreprise et pas de l’appareil politique traditionnel.
Le Chérif de Nioro, l’une des voix les plus influentes et respectées au Mali, a sans doute ressenti le souffle de changement qui souffle au Mali comme dans de nombreux autres pays africains. La jeunesse malienne, abandonnée au chômage de masse, livrée à la tentation islamiste, cherche des solutions nouvelles pour créer des emplois et sortir des vieilles rengaines post-coloniales.
Entrepreneur ayant fait fortune en lançant la première exploitation minière industrielle du pays dont les capitaux sont Maliens, Aliou Diallo incarne cette nouvelle génération de décideurs africains décomplexés et volontaristes qui refusent la fatalité du chômage et de la pauvreté.
Un message optimiste et conquérant, incarné par la promesse de la mise en œuvre d’un Plan Marshall de 15’000 milliards de francs CFA, pour relancer l’économie malienne, désenclaver les régions les plus pauvres du pays, et donner des perspectives à certaines communautés tentées aujourd’hui par le mirage djihadiste, qui trouve un profond écho chez les électeurs maliens.
C’est en homme connaissant bien les ressorts profonds du Mali que le Chérif de Nioro s’est engagé à soutenir Aliou Diallo. Un ralliement qui torpille sans doute pour de bons les espoirs d’élection et de réélection de Soumaïla Cissé et d’IBK. Candidats du passé et du passif.