Soudan : L’armée a annoncé la destitution du président Omar el-Béchir

Omar el-Bechir

Attendue par tout un peuple depuis ce jeudi matin, la destitution du président Omar el-Béchir a fini par être prononcée par l’armée. C’est le ministre de la Défense, Awad Ahmed Benawf, qui a précisément fait l’annonce. Il a aussi précisé que le désormais ex président soudanais était détenu par les militaires, dans un lieu sûr choisi par lui.

Des mesures complémentaires prises par l’armée

Le président soudanais Omar el-Béchir a été destitué ce jeudi après-midi par l’armée nationale. C’est le ministre de la Défense, Awad Ahmed Benawf, qui a donné la nouvelle attendue par les manifestants depuis ce matin. « J’annonce, en tant que ministre de la Défense, la chute du régime et le placement en détention dans un lieu sûr de son chef », a dit ce responsable à la télévision d’Etat. Awad Ahmed Benawf a aussi annoncé la mise en place d’un « conseil militaire de transition » pour deux ans. Tous les prisonniers politiques et d’opinion auraient été également libérés.

Au regard de la précarité de la situation, les forces de l’ordre ont pris certaines décisions urgentes. Parmi celles-ci, la fermeture de l’espace aérien pour 24 heures et celle des frontières terrestres jusqu’à nouvel ordre. En outre, un cessez-le-feu sera instauré dans tout le pays, notamment dans les Etats en proie aux rébellions à l’image du Darfour, province sécessionniste de l’ouest.

L’aboutissement de 3 mois de protestation

L’annonce de la destitution d’Omar el-Béchir est un soulagement pour les manifestants qui campent devant le QG de l’armée depuis samedi dernier. Ce jeudi matin la foule était encore plus intense avec des rumeurs de départ du président Omar el-Béchir. La télévision nationale ayant interrompu ses programmes pour indiquer une « importante annonce des forces armées sous peu ».

C’est l’aboutissement de plus de six mois de contestation du régime de Béchir qui durait depuis 30 ans. Tout a commencé en décembre 2018 quand le Gouvernement a décidé que le prix du pain allait tripler. Au départ, les Soudanais ne manifestaient que pour voir ce prix redescendre. Puis, l’exaspération naissant, la contestation s’est tournée vers le régime de Béchir. Ce dernier a essayé de mâter le soulèvement avec l’intervention du tout puissant service de renseignement soudanais NISS. La violence n’a fait que durcir la révolte. Selon les chiffres officiels il y a eu 49 morts dont 11 agents des forces de l’ordre.

La CPI réclamera-t-elle son client ?

Après sa chute, Omar Béchir devrait maintenant s’inquiéter des poursuites de la Cour Pénale Internationale (CPI). Depuis 2009 il est accusé de « crimes de guerre » et de « génocide » depuis 2010, en rapport avec le conflit au Darfour. Ce dernier a fait 300.000 morts et 2,5 millions de déplacés, selon l’ONU. Mais grâce à sa position d’homme fort de Khartoum, Omar el-Béchir a toujours nargué la CPI. A présent, le rapport de force a changé, à moins que les nouveaux maîtres du pays décident de ne pas livrer un citoyen soudanais à la juridiction internationale.

 

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