Mercredi 24 juillet les salariés de l’usine Ford de Blanquefort, dans la proche banlieue bordelaise, ont été priés de rebrousser chemin alors qu’ils arrivaient au travail. Ils apprennent sur place que le site arrêtait définitivement sa production, une semaine plus tôt. Une nouvelle qu’on leur a jetée à la figure, sans communiqué en bonne et due forme. Depuis, ils expriment leur colère face à l’arrogance et le mépris de la direction.
Une façon brutale de renvoyer des employés
Ford a avancé d’une semaine la fermeture de son usine de Blanquefort, prévue initialement le 31 juillet 2019. Mercredi, le constructeur automobile américain arrêtait définitivement la production de ce site, sans en informer les salariés. Les premiers arrivés au travail ce mercredi matin ont été invités à quitter les lieux et à ne pas revenir travailler. « On nous a dit que l’on pouvait rentrer chez nous et que ce n’était pas la peine de revenir. Je trouve que c’est très brutal comme annonce », a expliqué Thierry Boudin, un des salariés. Laeticia Laujac, élue CGT confie que « Personne ne s’attendait à ça (…) ça a été la surprise et le désarroi des salariés qui se sont retrouvés (…) sans pouvoir communiquer, sans pouvoir même se dire au revoir ». Son camarade Eric Troyas, ancien secrétaire FO, estime pour sa part que les salariés « ont été virés comme des malpropres » et que la direction de Ford France a profité de la faible présence syndicale pendant l’été pour fermer l’usine de Blanquefort.
Ford a confirmé, par la voix de son porte-parole en France, Fabrice Devanlay, que « La production est effectivement terminée ». Il a souligné que le niveau de production était de toute façon déjà « très faible ».
« Il va y avoir des divorces, et il risque d’y avoir des suicides »
En sortant d’une réunion du groupe jeudi, le directeur des ressources humaines, Philippe Harrewin, a déclaré que cette mesure était la conséquence de l’arrêt de la production par les ouvriers. « C’est pas Ford qui a pris la décision d’arrêter de produire, c’est simplement que le personnel ne souhaitait plus produire », a-t-il soutenu. Or les salariés accusent le constructeur américain d’avoir tout fait pour fermer l’usine. La déclaration de Philippe Harrewin a donc logiquement mis encore colère les employés. Pour eux c’est la manifestation de l’arrogance et du mépris de la direction. Ils se disent effondrés car ils ont perdu une partie de leur vie dans cette usine. Quelques 250 employés, sur les 850 que compte le site de Blanquefort, retrouveront début juillet une solution entre préretraites, reclassements, formations et transferts. Mais une moitié des salariés n’a pas d’issue, et certains se disent dans une précarité économique et psychologique. « Tout s’écroule et on va tous être dispachés à droite à gauche. Il va y avoir des divorces, et il risque d’y avoir des suicides, j’en suis persuadé », déplore Wilfrid Dulas, l’un des salariés.
La bataille juridique continue
Même si le sort de l’entreprise et de ses salariés est scellé la CGT veut continuer la bataille juridique pour faire reconnaitre le caractère illégal de ce licenciement. Rendez-vous leur est donné le 6 août prochain à la cour d’appel de Bordeaux, après que le tribunal de grande instance se soit déclaré incompétent, le 2 juillet dernier, pour se prononcer sur le caractère économique du licenciement.