Invité par la Fondation Mo Ibrahim en mai 2019, le banquier et opposant mauritanien Mohamed Ould Bouamatou avait préconisé de ne pas mélanger « affaires et politique » car les deux ne font pas bon ménage. Il préfère se cantonner à son rôle de philanthrope et de défenseur des droits de l’Homme. Mais ses concitoyens réclament de plus en plus qu’il s’engage franchement dans la politique pour changer la vie de sa nation.
Si l’on peut beaucoup apporter à son pays à n’importe quel poste ou fonction, les Mauritaniens estiment que Mohamed Ould Bouamatou ferait une plus grande différence à la présidence de la République. Ainsi, les voix s’élèvent de plus en plus pour demander au riche banquier de se lancer franchement dans la vie politique de son pays. Soit en créant son propre parti, soit en prenant la tête de l’opposition pour le prochain scrutin président. Des posts sur les réseaux sociaux ont été faits en ce sens.
Un philanthrope depuis vingt ans
De nombreux Mauritaniens affirment que Bouamatou a le profil idéal. D’abord c’est un homme de cœur. Depuis 2000, il œuvre pour la santé de ses concitoyens et même des Africains à travers sa clinique ophtalmologique Bouamatou, sise à Nouakchott. Cet établissement sanitaire offre plus de 5000 opérations de la cataracte chaque année à des patients venus de toute l’Afrique de l’ouest. La clinique mène aussi des campagnes contre d’autres maladies oculaires telles que le trachome.
Bouamatou ne redonne pas que la vue aux personnes menacées par la cécité. Il donne aussi de l’espoir et de la dignité aux plus faibles et démunis. En 2015, il a créé la Fondation pour l’égalité des chances en Afrique. Celle-ci aide financièrement les associations œuvrant dans le domaine de l’éduction, de l’égalité, de la justice, de la transparence ou encore de la démocratie. Dans ce cadre, elle soutient aussi les activistes, militants des droits de l’Homme et des opposants.
Un puissant homme d’affaires avec un bon carnet d’adresses
Bouamatou est surtout un puissant homme d’affaires. Ce milliardaire est à la tête du groupe BSA, qui comprend notamment la Générale de Banque de Mauritanie, dirigée actuellement par sa fille Leila. Le riche banquier a énormément investi dans l’économie de son pays. Il a injecté des fonds et créé des entreprises dans presque tous les secteurs d’activité : banque, téléphonie, assurances, pêche, agroalimentaire, mines et la construction…
Bouamatou possède par ailleurs un carnet d’adresses bien fournis. A titre indicatif, c’est au sein du parlement européen qu’il a lancé sa Fondation pour l’égalité des chances en Afrique, une organisation philanthropique belge reconnue d’utilité publique par arrêté royal le 15 août 2015.
Mohamed Ould Bouamatou ne veut pas mélanger affaires et politique
Fort de son profil et de ses nombreuses actions, les Mauritaniens souhaitent le voir à la présidence de la République pour agir plus directement sur la gestion du pays. Mais l’homme d’affaires sait que la politique ne fait pas de cadeau. Elle lui a valu l’exil, il y a dix, quand il était devenu la bête noire du régime Abdel Aziz. Cet autocrate avait même utilisé la justice mauritanienne pour nuire aux entreprises de son cousin. C’est pourquoi, Bouamatou avait déclaré en mai 2019, au cours d’un rendez-vous de la Fondation Mo Ibrahim, que les affaires et la politique ne fait pas bon ménage.