Des militantes féministes organisent ce vendredi, dans plusieurs villes de France, des manifestations contre le ministre de l’Intérieur Gérald Darmanin et celui de la Justice Éric Dupond-Moretti. Le premier est accusé de viol dans une affaire qui remonte à 2009 et le second a affiché des positions très critiques envers le mouvement #MeToo.
Les militantes féministes organisent ce vendredi plusieurs manifestations à travers la France contre les nominations de Gérald Darmanin au ministère de l’Intérieur, et d’Éric Dupond-Moretti à la Justice. Les deux membres du nouveau gouvernement de Jean Castex sont respectivement accusés de viol, dans une affaire qui remonte à 2009, et de propos antiféministes au moment de l’essor du mouvement #MeToo, en 2018.
« Un violeur à l’intérieur, un complice à la justice »
A Toulouse, environ 300 manifestants ont protesté ce vendredi pour dénoncer « la culture du viol En marche ». Elles ont brandi des pancartes sur lesquelles on pouvait lire : « Bienvenue au ministère du viol », « Violeurs en prison, pas au gouvernement », « Un violeur à l’intérieur, un complice à la justice ». A Paris, la manifestation doit avoir lieu devant l’hôtel de ville à partir de 18 heures, à l’appel du Comité féministe des étudiantes de l’université de Paris-I, appuyé par le collectif #Noustoutes.
A Lille, où une centaine de personnes s’étaient déjà mobilisées mardi soir place de la République pour dénoncer le « remaniement de la honte », un nouveau rendez-vous a lieu aujourd’hui sur la Grand-Place pour demander la « démission » des deux ministres. D’autres rassemblements sont prévus devant les palais de justice de Marseille et Grenoble, devant la préfecture à Angers, Nantes, Caen, Pau, devant les hôtels de Ville de Rennes, Orléans, Besançon, Montpellier, Rouen ou encore Lyon.
« Trois ans après #MeToo, l’Etat Français montre une nouvelle fois que le bien-être et la sécurité des femmes n’est pas une priorité. (…) Quel message renvoie le gouvernement français aux femmes hésitant à porter plainte pour viol ? », écrivent les organisatrices sur Facebook. Plus de 8 000 personnes avaient déclaré vendredi leur intention d’y participer.
Darmanin reconnait une relation sexuelle librement consentie
Éric Dupond-Moretti avait notamment estimé en 2018 « que siffler une femme, ça devienne une infraction pénale, c’est ahurissant », en plein débat sur la création d’un délit d’outrage sexiste. Quant à Gérald Darmanin, il a été accusé en 2017 de viol par une femme, Sophie Patterson-Spatz. Elle l’avait sollicité en 2009, lorsqu’il était chargé de mission au service des affaires juridiques de l’UMP (parti devenu LR), pour tenter de faire annuler une condamnation de 2004 pour chantage et appels malveillants contre un ex-compagnon. Selon ses déclarations, M. Darmanin lui aurait fait miroiter son appui, et elle se serait sentie contrainte de « passer à la casserole ». M. Darmanin a reconnu une relation sexuelle avec cette femme mais, d’après lui, librement consentie.
Le nouveau ministre de l’intérieur a dit jeudi « avoir le droit à la présomption d’innocence », soulignant « qu’il y a eu trois décisions de justice, deux enquêtes préliminaires classées sans suite et un non-lieu rendu par deux juges d’instruction ». Il a également affirmé avoir demandé à ne pas avoir de remontées d’informations sur les affaires le concernant.