L’ancien patron de Bercy sous la présidence Hollande a durement critiqué le locataire de l’Élysée lors d’une interview publiée dans les colonnes du Financial Times. Selon lui, le chef de l’État risque d’offrir les clés de la présidence à Marine Le Pen sur un plateau d’argent à travers sa gouvernance défaillante.
À quelques mois de la présidentielle d’avril 2022 et face à l’éventualité de plus en plus forte d’un remake du duel Macron-Le Pen, l’inquiétude grandit dans le rang des pourfendeurs des deux finalistes annoncés. Parmi eux, figure Arnaud Montebourg, ancien ministre de l’Économie sous le précédent quinquennat. Interrogé par le journal britannique, le Financial Times, le quinquagénaire n’a pas mâché ses mots à l’encontre d’Emmanuel Macron, accusé de faire le jeu de l’extrême droite. À l’en croire, le président de la République pousse les électeurs vers Marine Le Pen à cause de son arrogance et d’une politique menée pour le bénéfice d’un clan, celui de l’oligarchie. Toute chose qui fait dire à Montebourg que le chef de la Macronie n’est guère un rempart contre la prise de pouvoir de la patronne du Rassemblement national (RN). « Elle va gagner le scrutin », tranche-t-il.
Macron arrogant vraiment ?
Ce n’est pas la première fois que le président de la République est accusé d’arrogance. Tout au long de ce quinquennat, l’image lui est collée à la peau. Une image par ailleurs bien entretenue par l’intéressé même à travers plusieurs sorties quelque peu maladroites à bien des égards. Comme la fois où il interdit en 2018 à certains de ses concitoyens de se plaindre de sa politique. Ou encore, quand il qualifie au Danemark, le peuple français de Gaulois réfractaires au changement. En fait, Emmanuel Macron se sera montré imperméable aux critiques durant toute sa présidence. Une situation que la crise sanitaire en cours aura contribué à exacerber. Le chef de l’État se refusant à toute introspection sur sa gestion de l’épidémie que de nombreuses voix qualifient pourtant de solitaire.
Le Pen peut-elle gagner ?
L’hypothèse d’une Marine Le Pen à l’Élysée n’est plus un simple épouvantail. La présidente du RN pourrait même arriver en tête du premier tour, selon un sondage publié fin janvier par Harris Interactive. Dans le rang de la population, de nombreux déçus de la présidence en cours se disent prêts à voter pour la députée du Pas-de-Calais. Autant de signaux qui font frémir la majorité présidentielle. À l’image d’Arnaud Montebourg, les personnalités politiques de gauche déjà empêtrées dans leur propre contradiction sont condamnées à un choix périlleux.