Le chef de l’État est décidé à faire du parti Les Républicains (LR) son marchepied pour un second mandat. Et tant mieux si le parti gaulliste implose au passage.
Beaucoup le soupçonnaient. Le quinquennat finissant en a donné un aperçu. Les manœuvres en cours en cette période de précampagne électorale pour la prochaine présidentielle viennent définitivement d’en lever le voile. Emmanuel Macron a droitisé son discours afin de ratisser le plus large possible auprès des électeurs. La stratégie engagée depuis plusieurs mois à travers sa gouvernance a connu un nouveau virage ces dernières semaines.
L’actualité aidant, le thème de la sécurité s’est imposé dans l’agenda politique. Avec une opinion publique qui y accorde une place de choix dans le cadre des débats électoraux de la présidentielle. C’est donc logiquement que l’exécutif s’en est saisi. Le ministre de l’Intérieur, Gérald Darmanin, monsieur sécurité du gouvernement, multiplie ainsi les prises de position dure sur le sujet, quitte à faire passer les idées de Marine Le Pen pour molles. Au grand dam des sympathisants de gauche qui n’en reviennent pas.
Un autre épisode de la stratégie de séduction de l’exécutif envers la droite s’est joué récemment à travers les manœuvres électorales des régionales en Paca où la perspective d’une alliance du président sortant Renaud Muselier avec l’ex-candidate du gouvernement Sophie Cluzel a secoué LR.
La supercherie du « ni, ni »
Pour plusieurs observateurs, les manœuvres de Macron envers le parti de droite ne sont pas vraiment une surprise. Ils estiment même que cela relève d’une stratégie assez logique. Et pour cause, l’ancien candidat sans parti qui avait ravi en 2017 la présidence a tous les partis traditionnels en se présentant comme ni de droite ni de gauche, a fini par s’aliéner ses soutiens de gauche à travers sa gouvernance. Cette gauche groggy ne pèse plus grand-chose aujourd’hui dans l’opinion. Et nombre de ses sympathisants ne sont plus enclins à faire barrage à l’extrême droite face à Emmanuel Macron. Ce dernier est donc presque contraint de piocher à droite s’il veut conserver son fauteuil à l’Élysée face à la menace grandissante nommée Marine Le Pen.
Il s’agit par ailleurs d’une stratégie qui a jusqu’ici été gagnante. Le gouvernement comporte de nombreux ministres et pas des moindres, estampillés à droite. Le récent ralliement des figures comme Christian Estrosi et Hubert Falco à la majorité est une autre illustration. Mais la manœuvre n’est pas sans risque. Les électeurs sont de moins en moins réticents à voter pour l’extrême droite.