Le vainqueur de la primaire écologiste à la présidentielle doit désormais convaincre une gauche fragmentée par le choc des ambitions de s’unir autour de sa candidature.
C’est un Yannick Jadot heureux qui s’est exprimé mardi après l’annonce des résultats définitifs de la primaire écologiste à la prochaine présidentielle. Il y a en effet de quoi se réjouir d’autant que l’ancien cadre de Greenpeace France donné favori par les sondages au début de cette consultation à deux tours ne sort finalement vainqueur que d’une courte tête. Il remporte 51,03 % des voix contre 48,97 % pour son adversaire Sandrine Rousseau pourtant quasi-inconnue dans le paysage politique français il y a peu. Soit à peine quelque 2 000 voix de plus que sa concurrente.
C’est dire que le porte-étendard d’Europe Écologie-Les Verts (EELV) au scrutin d’avril 2022 échappe de peu à une mauvaise surprise qui aurait pu voir ses plans élyséens contrecarrés une nouvelle fois après son abandon de 2017 au profit du socialiste Benoît Hamon. Mais la primaire écologiste n’est que le prélude de ce qui attend l’ancien militant environnemental sur la sinueuse route de l’Élysée.
Manœuvrer Sandrine Rousseau
L’eurodéputé va devoir en effet travailler à maintenir une certaine cohésion de groupe au sein de son propre parti. Une véritable gageure, tant les dernières semaines ont fait éclater au sein d’EELV différents courants de pensée, les uns plus radicaux que les autres. Et dans cette tâche pour le moins périlleuse, tous les regards se tournent vers l’autre finaliste de la primaire, Sandrine Rousseau.
Celle qui se définit comme éco-féministe est porteuse d’un programme politique destiné à tout chambouler ici et maintenant afin de faire passer la cause écologiste enfin de la parole aux actes. Yannick Jadot qui a contrario prône des idées de gouvernement autrement plus souples va donc devoir composer avec son ancienne concurrente. Car la performance de cette dernière à la primaire témoigne d’un discours qui porte auprès des Verts malgré sa radicalité. Sandrine Rousseau a d’ailleurs d’ores et déjà fait savoir que la balle était dans le camp du candidat désigné.
Ratisser à gauche
Outre ce numéro d’équilibrisme dans son propre camp, Yannick Jadot aura comme deuxième objectif pour les sept prochains mois de faire adhérer la plus large part possible de la gauche à sa vision. Et rien n’est gagné d’avance là encore. Entre une France insoumise dont le candidat Jean-Luc Mélenchon ne veut rien céder et un Parti socialiste qui se rêve en locomotive de la gauche, les ambitions sont marquées et très fragmentées au sein de ce courant politique.