Le gouvernement a annoncé récemment une série de mesures contre le harcèlement scolaire. Il a même promis d’en faire une priorité absolue à la rentrée 2023. Mais des acteurs du système éducatif pensent qu’il ne suffit pas de multiplier les décisions pour en finir avec ce fléau.
Le gouvernement semble décidé à en finir avec le harcèlement scolaire. En effet, la Première ministre Élisabeth Borne a promis de faire de la lutte contre ce fléau la priorité absolue dès la rentrée prochaine. Dans ce cadre, le ministère de l’Education nationale lancera une grande campagne de prévention à la télévision, sur les réseaux sociaux et par voie d’affichage à partir de septembre.
Multiplication des rencontres entre les acteurs du système éducatif
Pap Ndiaye a déjà mobilisé les chefs d’établissements, les inspecteurs de l’Éducation nationale et les recteurs pour la réussite de cette opération. En guise de répétition générale, il a demandé cette semaine à tous les collèges d’organiser, d’ici au 16 juin, une heure de sensibilisation. Il s’agira pour les éducateurs de rappeler les conséquences du harcèlement à l’école et de responsabiliser chacun.
Cette sensibilisation concernera aussi les réseaux sociaux en raison du cyber-harcèlement. Le ministre de l’Education nationale a également annoncé une réunion le 29 juin avec les responsables chargés de la lutte contre le harcèlement dans chaque académie. Objectif : rappeler les anciennes procédures et évoquer les nouvelles prévues à la rentrée prochaine. Par ailleurs, Pap Ndiaye aura une réunion avec plusieurs de ses collègues la semaine prochaine pour mieux combattre le cyber-harcèlement.
Plusieurs autres mesures déjà annoncées
Ces nouvelles mesures s’ajoutent à plusieurs autres en vigueur depuis peu ou longtemps. On pense notamment à la nomination d’un référent sur le harcèlement (infirmière, conseil principal d’éducation ou enseignant) dans chaque établissement. Pour aller plus loin, un règlement va bientôt faciliter le transfert d’un élève harceleur dans une autre école avec l’accord du maire, et cela en dernier recours. On peut également citer la généralisation du programme pHARe, qui vise à prévenir le harcèlement dans les établissements scolaires.
Côté législatif, le député (RN) du Nord Sébastien Chénu, par ailleurs vice-Président de l’Assemblée Nationale, a déposé en mai une proposition de loi visant à améliorer la lutte contre le harcèlement scolaire. Ce texte repose au Parlement aux côtés de la proposition de loi déposée par la sénatrice Marie Mercier le 21 février dernier.
Prise de conscience après le suicide d’une adolescente
Si les pouvoirs publics se mobilisent autant depuis un certain moment, c’est qu’ils ont bien évalué l’ampleur du problème. En France, le harcèlement scolaire jusqu’à 10 % des élèves. Il conduit même à des drames. Comme le suicide récent à Vendin-le-Vieil (Pas-de-Calais) de Lindsay, une collégienne de 13 ans, après de longs mois de harcèlement. Avant elle, il y a eu Lucas (13 ans) dans les Vosges et Dinah (14 ans) dans le Haut-Rhin, qui ont mis fin à leur vie.
Des mesures contre-productives ?
Tous ces suicides témoigneraient de l’inefficacité des mesures prises par l’Etat ces derniers mois. Certains parents d’élèves évoquent de fausses annonces et un effet de communication dans la précipitation. Ils pensent qu’il faut se donner le temps d’agir avec l’ensemble des acteurs de l’Éducation nationale et plus largement de la société. Du côté des syndicats d’enseignants, on déplore un manque de moyens flagrant. L’Etat rechignerait à financer convenablement la lutte contre le harcèlement scolaire. Et tant que ce sera ainsi, rien ne changera.