Nosopharm veut enrayer la montée de l’antibiorésistance

Un laboratin regardant dans un microscope.

 

Nosopharm est une société française de biotechnologie spécialisée dans la recherche et le développement de nouveaux médicaments anti-infectieux. Elle a notamment conçu Noso-502 pour le traitement des infections nosocomiales multirésistantes. Cet antibiotique doit prochainement entrer en essais cliniques chez l’Homme.

L’antibiorésistance, une épidémie silencieuse

L’Organisation mondiale de la santé (OMS) considère l’antibiorésistance comme l’une des dix plus grandes menaces pour la santé publique mondiale. En 2019, cette épidémie silencieuse a fait 1,27 million de décès. Un chiffre plus important que le nombre cumulé des décès du VIH, du paludisme et de la tuberculose. Il pourrait même grimper de manière vertigineuse à l’horizon 2050 pour atteindre 10 millions de décès dans le monde.

D’après The Lancet, les agents pathogènes à Gram négatif multirésistants représentent 59 % des décès dus à l’antibiorésistance. On appelle agent pathogène multirésistant toute bactérie qui résiste à plus de trois familles différentes d’antibiotiques. Six bactéries plus précisement sont responsables de 75 % des décès imputables à l’antibiorésistance. Il s’agit d’Escherichia Coli, Klebsiella pneumoniae, Staphylococcus aureus, Streptococcus pneumoniae, Acinetobacter baumannii et Pseudomonas aeruginosa.

Alerte aux entérobactéries productrices de carbapénémases

En France, où l’antibiorésistance fait plus de 5000 décès chaque année, deux types d’agents pathogènes font particulièrement des ravages. En l’occurence Staphylococcus aureus et les entérobactéries productrices de bêta-lactamase à spectre étendue. Dans cette famille, on retrouve Escherichia Coli, Klebsiella pneumoniae et Enterobacter cloacae complex. Mais ces dernières années, deux nouvelles bactéries développent des niveaux de résistance encore plus élevés. A savoir les entérocoques résistants aux glycopeptides (ERG) et les entérobactéries productrices de carbapénémases (EPC).

Un antibiotique first-in-class en préparation chez Nosopharm

En dépit de cette montée de l’antibiorésistance, il y a actuellement un manque de nouveaux agents capables de combattre les bactéries Gram négatives, en particulier des composés avec de nouveaux modes d’action. En cause, des défis technologiques et financiers immenses. Mais l’entreprise nîmoise Nosopharm est proche de relever le défi avec Noso-502, son antibiotique first-in-class pour le traitement des infections nosocomiales multirésistantes causées par les entérobactéries multirésistantes. A savoir Escherichia coli, Klebsiella pneumoniae et Enterobacter spp. Ce médicament a été conçu en partenariat avec GNA NOW, un consortium européen financé par l’Innovative Medicines Initiative 2 (IMI2).

Très actif contre les entérobactéries résistantes aux carbapénèmes

D’après les résultats positifs des études de toxicologie réglementaire publiés en juin 2022, Noso-502 enraye le développement des bactéries grâce à un nouveau mécanisme d’action contre les entérobactéries résistantes aux carbapénèmes. Le traitement agirait efficacement quel que soit le profil de production de carbapénémases, y compris les isolats résistants à la polymyxine. Un autre travail scientifique publié en octobre, en partenariat avec l’Inserm et North Bristol NHS Trust, confirme la puissante action antibactérienne de Noso-502 contre les souches les plus problématiques. Il a consisté à évaluer l’activité de l’antibiotique contre un large panel d’isolats cliniques ECC, provenant de différents clusters de Hoffmann et à étudier les mécanismes de résistance associés.

Remaniement du conseil de surveillance chez Nosopharm

Selon cette nouvelle étude, Noso-502 réduit de 1,4 % et 0,0003 % la proportion de sous-populations résistantes capables de se développer en présence de concentrations. Ce qui signifie que ce médicament pourrait réguler à la baisse la virulence des bactéries problématiques. Ces résultats positifs permettent à Nosopharm de poursuivre le développement du programme jusqu’à la phase 1 des essais cliniques chez l’Homme, sous réserve de recevoir l’autorisation réglementaire. En juillet 2022, l’entreprise a procédé au remaniement de son conseil de surveillance pour mener cette mission. Présidée désormais par Jacques Dumas, cette équipe doit mettre en place de nouveaux partenariats stratégiques avec des acteurs publics et privés ainsi que préparer la prochaine levée de fonds du groupe.

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