Les hôpitaux français s’ouvrent à la philanthropie

Les appels aux dons se multiplient de la part des hôpitaux et autres centres hospitaliers sur le sol hexagonal afin de pallier les contraintes budgétaires.

« Les enfants ont besoin de vous », lance avec emphase, Laëtitia Padovani, professeur de cancérologie à la tête du service de radiothérapie de l’AP-HM (Marseille), dans la brève vidéo de moins d’une minute mise en ligne début décembre par le Phoceo, le fonds de dotation de l’hôpital.

Le message adressé au public témoigne d’une initiative que l’on n’attendrait, en principe, pas il y a quelques années plus tôt, de la part d’un établissement de santé : un appel aux dons. C’est pourtant bien le cas, avec un objectif chiffré à trois millions d’euros.

En cause ? Le besoin d’acquérir une IRM haute résolution, « une véritable révolution technologique » selon les mots de Laëtitia Padovani, couplée à un accélérateur de particules intervenant dans le traitement du cancer chez les enfants.

« Cette machine, il nous la faut sur notre plateau technique. Avec vos dons, chacun de vous fera partie de notre équipe. Chacun de vous sera à notre côté tous les jours pour soigner, traiter et guérir ses enfants », affirme-t-elle à propos de ce projet évalué à 12 millions d’euros.

Une professionnalisation accélérée

Cette démarche novatrice s’inscrit dans une dynamique nationale destinée à répondre aux défis financiers croissants du système hospitalier français. De quoi faire multiplier les concepts pour y parvenir.

On compte ainsi d’après Marie-Léandre Gomez, professeure de gestion à l’Essec, spécialiste de la santé, entre 150 et 200 fondations hospitalières et fonds de dotation en France aujourd’hui.

« Désormais, quasiment tous les CHU (centres hospitaliers universitaires, disposent d’une direction du mécénat ou, cas le plus fréquent, d’un fonds de dotation », appuie Aurélie Leclercq, déléguée générale de celui du CHU de Lille, citée par le journal catholique.

La conséquence d’une tendance en pleine accélération depuis la crise du Covid-19. « Elle a montré au grand public que les hôpitaux pouvaient collecter eux-mêmes des fonds », estime Marie-Léandre Gomez, qui parle d’un moment « accélérateur de notoriété ».

Une initiative sujette à débats

Comme relevé par La Croix, la pandémie a sensibilisé le public aux besoins des hôpitaux, et conduit à élargir le champ d’action des fondations, désormais autorisées à financer le confort des patients et l’accompagnement des personnels.

La démarche n’est pourtant pas toujours bien perçue. Comme en témoigne la controverse née de l’appel aux dons de l’hôpital européen Georges-Pompidou en décembre 2023 pour l’achat d’un appareil d’imagerie.

Une initiative assimilée par ses détracteurs à de la charité. Reste que les sommes collectées restent modestes au regard des budgets hospitaliers.

« Les dons permettent d’accélérer des projets, ou de les porter un peu plus loin. Ils ne remplaceront jamais le financement public », nuance Aurélie Leclercq, toujours dans les colonnes de La Croix.

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