Intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé, dynamiques contemporaines », la tenue de la rencontre a suscité de fortes critiques, entre contestation de la date choisie et critiques visant certains intervenants soupçonnés de nourrir un agenda pro-palestinien.
Prévu les 13 et 14 novembre prochains, le colloque intitulé « La Palestine et l’Europe : poids du passé, dynamiques contemporaines », prévu au Collège de France, a finalement été annulé sur décision de l’institution organisatrice.
« L’administrateur du Collège de France se voit dans l’obligation en tant que chef d’établissement, responsable de la sécurité des biens et des personnes ainsi que de la sérénité des événements tenus dans l’enceinte du Collège de France, d’annuler la manifestation », a indiqué cette dernière dans un communiqué publié dimanche 9 novembre.
Dans le texte, le Collège affirme son attachement à une stricte neutralité et un refus du militantisme politique ou idéologique. Cette décision intervient après une controverse croissante autour de cet événement, organisé en partenariat avec le Centre arabe de recherche et d’études de l’Institut politique de Paris.
La programmation, coïncidant avec l’anniversaire des attentats du 13 novembre 2015, avait suscité dès l’annonce les réserves de plusieurs observateurs. Cette concordance symbolique, combinée à la tonalité du programme, a renforcé les critiques entourant la tenue du colloque.
Des intervenants au profil décrié
La rencontre devait réunir des chercheurs et des personnalités politiques, tous connus pour leurs positions antisionistes et leur présentation d’Israël comme un État colonial. Plus préoccupant encore selon les détracteurs du projet, même les modérateurs, censés garantir un débat équilibré et contradictoire, eux-mêmes des engagements jugés partisans.
Parmi eux, la chercheuse Mousna Chiabi avait notamment fait polémique après avoir publié sur X, à la mort du chef du Hamas : « Que Dieu bénisse son âme », un message qui avait suscité de vives réactions.
« Le problème ici, c’est que pour qu’il y ait des débats sereins, il faut du pluralisme. Vous n’avez aucune parole contradictoire parce qu’il n’y en a aucune« , avait critiqué Galina Elbas, vice-présidente de la Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra), déplorant l’absence de chercheurs israéliens parmi les invités.
Satisfaction des opposants
L’annulation, saluée par le ministre de l’Enseignement supérieur, Philippe Baptiste, s’inscrit dans un contexte de tensions accrues autour du conflit israélo-palestinien en France, particulièrement depuis le 7 octobre 2023.
Les institutions culturelles et universitaires peinent de plus en plus à concilier liberté d’expression et exigence d’un cadre de discussion pluraliste, exempt de dérives idéologiques ou discriminatoires.
« Cette annulation est un soulagement. Rien n’allait dans ce colloque », s’est réjoui sur le réseau social X, Yonathan Arfi, président du Conseil représentatif des institutions juives de France.
