Le gouvernement a dévoilé, jeudi 6 février, le nom de sept entreprises françaises soupçonnées de discrimination à l’embauche. Il s’agit de Air France, Accor, Altran, Arkéma, Renault, Rexel et Sopra Steria.
Indignation des entreprises indexées
Le gouvernement a mis en œuvre sa menace en publiant jeudi le nom des entreprises épinglées pour « présomption de discrimination à l’embauche » à la suite d’un testing qu’il avait commandité. Ce sont : Air France, Accor, Altran, Arkéma, Renault, Rexel et Sopra Steria. Ces entreprises, à l’exception de Renault qui n’a pas encore réagi, se sont immédiatement déclarées « indignées » par les « faiblesses manifestes de la méthodologie utilisée qui aboutit à des conclusions erronées ».
« Nous recrutons 4 000 personnes par an en France sur un marché d’ingénieurs ou règne la pénurie, nous ne pouvons pas nous permettre de faire de la discrimination », a défendu une porte-parole de l’entreprise Altran.
Interrogée jeudi, Air France « conteste totalement la méthodologie et les conclusions du rapport » qui « ne reflètent absolument pas la culture, les valeurs et les pratiques de l’entreprise », d’autant qu’elles reposent sur des candidatures spontanées.
« Cette étude ne conclut pas à la discrimination confirmée »
Même le gouvernement a reconnu les limites de ce testing. D’abord, il y a le fait que les candidatures ont été envoyées à des managers alors que certaines entreprises ont « recours à des bases centralisées par les directions RH (ressources humaines) et à des ATS (applicant tracking system)». Ensuite, ces emplois d’hôtesse d’accueil et de technicien de maintenance sont parfois sous-traités par les entreprises qui ont fait l’objet du testing.
Julien Denormandie a par ailleurs déclaré que « Cette étude constate des présomptions de discrimination. Elle ne conclut pas à la discrimination confirmée ». Il ne s’agirait donc pas d’une « politique de discrimination délibérée dans ces entreprises », mais d’une « forme d’habitude qui vise à ne pas faire suffisamment d’efforts pour aller diversifier les talents ». Le ministre annonce qu’un nouveau testing sera effectué. « On le relance cette année avec à nouveau 40 entreprises tirées au sort parmi les 120 plus grandes de France ».
Une première version de cette étude avait été révélée par France-Inter début janvier sur un plus grand échantillon (103 entreprises) et aucun nom d’entreprise n’était alors sorti. Les résultats dévoilés jeudi portent sur 40 grandes entreprises du SBF 120. Selon les ministères du Travail, du Logement et le secrétariat d’Etat chargé de l’Egalité entre les femmes et les hommes qui ont présenté ces résultats jeudi, il s’agit du « plus grand testing jamais réalisé en France sur l’emploi ».
Le « name and shame » va continuer de faire débat
« Sur l’ensemble des entreprises testées, il est estimé que le taux de succès du candidat dont le nom a une consonance maghrébine est de 9,3 % contre 12,5 % pour le candidat avec un nom à consonance européenne », ce qui représente « 25 % en moins de chance » d’avoir une réponse (de bonne réception ou donnant une information), indiquent les ministères. « Ces tests correspondent à l’envoi de 10 349 candidatures fictives ou demandes d’information », candidatures spontanées ou répondant à une offre, précisent-ils.
En 2016, un précédent testing qui portait sur un envoi bien moins nombreux de candidatures avait épinglé AccorHotels et Courtepaille. Cette question du « name and shame », qui consiste à pointer du doigt telle ou telle entreprise, va continuer de faire débat.