Mali : Aliou Boubacar Diallo prêche-t-il dans le désert ?

La médiation ouest-africaine a émis, dimanche 19 juillet, à l’issue de sa mission à Bamako, une série de propositions pour une sortie de crise au Mali. Ces solutions, pour l’essentiel identiques à celles d’Aliou Boubacar Diallo, ont été rejetées la veille par le M5-RFP, le mouvement à l’origine de la contestation.

Envoyée mercredi 15 juillet à Bamako, sous la conduite de l’ex-président nigérian Goodluck Jonathan, une mission de médiation de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) a émis dimanche une série de propositions pour une sortie de crise au Mali.

La délégation demande notamment la nomination « de toute urgence d’un gouvernement d’union nationale, sur la base du consensus » et la mise en place d’une nouvelle Cour constitutionnelle chargée d’examiner en priorité le litige électoral sur les résultats des législatives de mars-avril.

Avant même qu’elle ne s’exprime, la mission de la CEDEAO avait déjà essuyé le refus du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5–RFP). En effet, dans la nuit de vendredi à samedi, la contestation a déclaré que les solutions de l’organisation ouest-africaine « ne correspondent absolument pas aux aspirations et attentes exprimées » par elle et « portées par l’écrasante majorité du peuple malien ».

Le mouvement a déploré que la médiation insiste expressément sur le maintien au pouvoir du président Ibrahim Boubacar Keïta (IBK), dont il exige obstinément la démission.

Aliou Boubacar Diallo avait devancé la CEDEAO

Une position radicale qui ne fera qu’enliser le Mali dans le bourbier de la crise, estime le chef de file montant de l’opposition républicaine Aliou Boubacar Diallo, fondateur d’ADP-Maliba. En consultant la déclaration finale de la mission de la CEDEAO, l’on se rend compte qu’elle reprend en grande partie ses propositions.

Outre la formation d’un gouvernement de large ouverture et la dissolution de la Cour constitutionnelle, le député de Kayes avait recommandé le 18 juin la reprise partielle des élections législatives et le maintien au pouvoir d’IBK. Sur ce dernier point, Aliou Diallo souhaite faire des éclaircissements.

Le président du groupe parlementaire « Benso » a exprimé « l’importance du respect des Institutions de la République et des voies constitutionnelles pour l’accession au pouvoir ». D’ailleurs, sa démission et la dissolution de l’Assemblée nationale créerait un vide constitutionnel, une situation dangereuse dans le contexte actuel au Mali. Pour Aliou Diallo, il ne s’agit donc pas de défendre le président IBK, mais de s’inscrire continuellement dans la légalité et la justice.

Le chantre du dialogue et du consensus

Le milliardaire malien, qui a toujours prôné le dialogue et la non-violence, a claqué la porte de la majorité présidentielle la semaine dernière, après la répression sanglante des manifestations du 10 et 11 juillet. Son parti avait adhéré à cette plateforme le 26 mai dernier pour accélérer la mise en œuvre des recommandations du Dialogue national inclusif (DNI), qui a eu lieu en décembre 2019.

En véritable parti républicain, ADP-Maliba avait pris part à cette initiative largement boycottée par l’opposition. Le parti de la Balance avait expliqué sa participation par le besoin de donner une chance au Mali pour la sortie de crise. Les recommandations de ce DNI devaient permettre au pays de retrouver sa normalité, à travers notamment la constitution d’une nouvelle législature. Un objectif atteint en mars-avril 2020, ce qui a motivé ADP-Maliba a allé plus loin dans son engagement en adhérant à la majorité présidentielle.

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