Après Nick Conrad et son racisme anti-blanc, un autre rappeur suscite la polémique par la promotion de l’antisémitisme dans ses textes. Freeze Corleone affirme notamment qu’il arrive « déterminé comme Adolf dans les années 30 » et qu’il n’en a rien à foutre de « la Shoah ».
« On arrive dans des allemandes comme des SS »
En 2018, le rappeur noir Nick Conrad avait appelé à pendre les blancs dans un clip extrêmement violent. Deux ans plus tard, un autre rappeur choisit de s’attaquer aux juifs : Freeze Corleone. Ce jeune homme de 28 ans, né d’une mère italienne et d’un père sénégalais, fait parler de lui depuis la publication de clips antisémites issus de son dernier album LMF (La Menace Fantôme), sorti le 11 septembre.
Dans des extraits de ses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux et compilés par la Licra, le rappeur déclare : « On arrive dans des allemandes comme des SS », « J’arrive déterminé comme Adolf dans les années 30 », « tous les jours RAF (rien à foutre, NDLR) de la Shoah », « comme des banquiers suisses, tout pour la famille pour que mes enfants vivent comme des rentiers juifs ». Ou encore « J’ai les techniques de propagande de Goebbels (…) », « Tous les jours fuck Israël comme si j’habite Gaza » et « j’suis à Dakar t’es dans ton centre à Sion » (concentration) …
Une enquête ouverte à la suite de signalement
Jeudi, le Délégué interministériel à la lutte contre le racisme, l’antisémitisme et la haine anti-LGBT, Frédéric Potier, a annoncé un signalement auprès du parquet, après avoir recensé neuf passages qui constitueraient une incitation à la haine raciale. Quelques heures après ce signalement, le procureur de Paris Rémy Heitz a annoncé l’ouverture d’une enquête portant sur différents clips vidéo et chansons de Freeze Corleone pour « provocation à la haine raciale » et « injure à caractère raciste ». Face à la montée de la polémique, le label Universal France a annoncé « mettre un terme à toute collaboration avec cet artiste » et a assuré défendre « les valeurs de tolérance et de respect ».
Un bad buzz qui indigne
Malgré les critiques et l’action judiciaire annoncée, le dernier clip de Freeze Corleone, « Hors Ligne », affichait plus d’un million cinq cent mille vues, vendredi 18 septembre. Un succès qui suscite l’inquiétude d’associations, d’élus et de membres du gouvernement. La Ligue internationale contre le racisme et l’antisémitisme (Licra) s’est indignée que ce rappeur fasse « business de son obsession des Juifs ». Et Gérald Darmanin a demandé dans un tweet que « le ministère de l’Intérieur étudie au plus vite les recours juridiques pour poursuivre leur auteur ».
L’antisémitisme, « la négation de la République »
Une indignation collective qui rappelle la mobilisation de février 2019. Celle-ci avait eu lieu après une série d’actes antisémites, parmi lesquels des tags sur la devanture d’un restaurant Balgelstein et des croix gammées sur le portrait de Simone Veil sur des boîtes aux lettres. Et surtout les injures proférées par des Gilets jaunes à l’encontre d’Alain Finkielkraut, en marge d’une manifestation de ce mouvement. Emmanuel Macron avait alors déclaré que l’antisémitisme était « la négation de la République » et que son gouvernement sera « intraitable vis-à-vis de ceux qui commettent de tels actes ».