Vingt anciens généraux de l’armée ont cru bon d’interpeller publiquement le président Emmanuel Macron sur sa responsabilité à défendre le pays. Mal leur a prit, puisque l’affaire a depuis pris des proportions insoupçonnées.
Le contexte politique français est très volatile à moins d’une année de la présidentielle. La moindre question est potentiellement inflammable et les politiques sont décidés à se rendre coup pour coup malgré la crise sanitaire toujours en cours. En témoigne la polémique née d’une prise de position d’anciens militaires dans les colonnes du magazine Valeurs Actuelles.
Dans une tribune publiée par le journal d’extrême-droite le 21 avril dernier, une vingtaine d’anciens hommes en uniforme se réclamant de généraux, appellent à un retour de l’honneur et du devoir au sein de la classe politique. Le texte intitulé : « Pour un retour de l’honneur de nos gouvernants », enjoint le chef de l’État, Emmanuel Macron au patriotisme. Les auteurs s’inquiètent du délitement de la France et d’un risque de guerre civile susceptible de conduire à l’intervention de leurs camarades d’active.
Le Pen abonde, le gouvernement désapprouve
Il n’en fallait pas plus pour que Marine Le Pen se saisisse de la question. Dans une réponse toujours publiée par Valeurs Actuelles, la patronne du Rassemblement national (RN) et candidate à la prochaine présidentielle, félicite les auteurs du texte et les appelle à la rejoindre dans la bataille qui s’ouvre, une allusion à peine voilée au scrutin d’avril prochain. À la grande déception du reste de la classe politique. Notamment le gouvernement interpellé au premier chef par cette sortie d’anciens militaires. Dans une tribune publiée dans les colonnes de Libération, Florence Parly, ministre des Armées, désapprouve l’initiative assimilée à une tentative de politisation de la grande muette. À Marine Le Pen, la ministre indique que l’armée ne saurait être au service d’aucun intérêt autre que celui de la nation, avant de menacer de sanctions les militaires en fonction présents dans la liste des signataires du texte polémique.
Que risquent les intéressés ?
Le président de la République reste son chef suprême. L’armée ne se mêle pas pour autant des questions politiques en France. Une position de neutralité absolue adossée à un devoir de réserve auquel ces militaires semblent avoir dérogé. Des sanctions allant de la radiation à des peines d’emprisonnement sont notamment prévues dans ce genre de situation. Le cas de Christian Piquemal, général de l’armée radié en 2016 pour avoir incité à une manifestation contre l’immigration, reste vivace dans les esprits. Il figure d’ailleurs parmi les signataires de la tribune.