L’Escale 92 sur le front des violences conjugales

L’association féministe basée dans les Hauts-de-Seine accompagne les femmes en proie aux violences depuis trois décennies.

Un havre de paix. C’est qu’on pourrait dire de L’Escale 92, association française de soutien aux femmes en difficultés, notamment celles victimes des affres de la violence conjugale.

Après 30 ans au service de ces personnes éplorées, elle peut s’enorgueillir d’un bilan flatteur, même si l’étendue de sa tâche reflète une problématique : la persistance des violences faites aux femmes.

D’où le caractère modeste de la célébration de cet anniversaire raconté par Le Parisien. Selon le journal, les organisatrices ont préféré marquer l’occasion à travers des tables rondes et une exposition de portraits. Pour autant, le quotidien de cette organisation n’a pas été de tout repos ces trois dernières décennies.

Les 34 salariés que compte L’Escale 92 aujourd’hui ont ainsi assuré, sur l’ensemble de leur zone d’intervention couvrant tout le nord des Hauts-de-Seine, environ 12 000 entretiens rien qu’en 2023, à en croire des chiffres évoqués par Le Parisien.

Une montée en puissance

Il s’agit d’un parcours de longue haleine presqu’inimaginable aux débuts de cette association qui s’était donnée pour mission spécifique, avec deux professionnels seulement, la proposition d’un lieu d’accueil pour les femmes victimes de violences conjugales ou intrafamiliales.

L’Escale 92 dispose aujourd’hui d’un arsenal complet pour venir en aide aux victimes : un lieu d’accueil et d’orientation à Gennevilliers, des permanences dans les agences France services, une ligne d’écoute dédiée, et surtout 149 places d’hébergement réparties sur tout le territoire, principalement en colocation dans des immeubles anonymes.

Pour assurer sa mission, l’association peut compter sur le soutien financier des autorités, dont l’État, le département ainsi que les communes. « La parole se libère mais il est indéniable que ces actes sont en constante progression », indique la président Anna Schwarzkopf, dépeignant un panorama des violences devenues protéiformes.

Une réponse institutionnelle musclée

Des violences physiques et psychologiques, elles se seraient notamment étendues vers les violences économiques – avec le contrôle des dépenses –, les violences administratives – quand les conjoints empêchent l’obtention de papiers –, et plus récemment, les cyberviolences.

Face à cette évolution, la réponse s’organise à tous les niveaux. Les téléphones grave-danger (TGD) – téléphone d’urgence avec touche SOS – se multiplient, passant de 4 en 2016 à 100 en 2024. Le conseil départemental des Hauts-de-Seine s’est par ailleurs doté d’un observatoire des violences faites aux femmes en 2023, et a lancé le programme « Femmes des Hauts-de-Seine » qui a déjà sensibilisé 17 500 collégiens.

Anna Schwarzkopf salue également la promptitude des forces de l’ordre. Cependant, les défis restent immenses. La crise du Covid ayant, à l’en croire, exacerbé les violences intrafamiliales, tandis que les réseaux sociaux ont « complexifié les relations filles-garçons » et donné une tribune à des « courants masculinistes parfois violents ».

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