Plusieurs dizaines de milliers d’enseignants français étaient ce jeudi dans la rue pour manifester leur mécontentement contre une gestion gouvernementale de la crise sanitaire jugée aléatoire et inadaptée.
Pour les syndicats enseignants, 75% d’écoles primaires et 62% de lycées français étaient en grève ce jeudi. Le gouvernement parle lui, respectivement de 38,5% et de 24% de grévistes dans les deux unités d’enseignement. Les chiffres diffèrent, mais toujours est-il que l’école n’a pas fonctionné normalement en France ce jour.
À Paris, Lyon, Rennes, Marseille et dans d’autres villes du pays, les professeurs sont sortis pancartes à la main, avec des mots hostiles à l’endroit de l’exécutif. Dans leur collimateur, le ministre de l’Éducation nationale, Jean-Michel Blanquer, accusé tantôt de mépris envers la communauté enseignante, tantôt de faire cavalier seul dans la définition du protocole sanitaire anti-Covid.
Le pari du maintien de l’école
Dans un contexte de reflux de la pandémie dû au variant Omicron désormais responsable de la majorité des 300 000 cas journaliers recensés en moyenne en France, le gouvernement tient à garder les écoles ouvertes. Mais les mesures d’accompagnement de cette décision, un véritable pari en ce temps de pandémie, sont fortement critiquées par les enseignants. En plus d’avoir été annoncées seulement la veille de la rentrée du 3 janvier et de surcroît dans la presse. Une attitude jugée méprisante par le corps professoral des lycées et collèges.
Les grévistes ont donc dénoncé ce jeudi un protocole sanitaire inapplicable, sans cesse changeant et qui met enseignants et apprenants en danger face à variant ultra-contagieux. Ils se plaignent également depuis des semaines d’un manque d’équipements tels que des masques, des tests et des moniteurs de la qualité de l’air. À cela s’ajoute le déficit de personnel à même de remplacer les milliers d’enseignants malades du virus « Ils ont ouvert les portes de l’école à Omicron », a ainsi persiflé parmi la foule à Paris, un membre du SNUipp-FSU, un des syndicats organisateurs de la grève.
Désamorcer la bombe
La situation est d’autant plus explosive que les manifestants déjà très unis ont su rallier à leurs causes les parents d’élèves. De quoi en rajouter à la pression sur le gouvernement d’Emmanuel Macron qui semble de plus en plus empêtré dans des crises sociales à mesure que la présidentielle d’avril se rapproche. Le Premier ministre, Jean Castex va recevoir, en compagnie de ses homologues Jean-Michel Blanquer et Olivier Véran de la Santé, les protestataires plus tard dans la journée. Objectif : désamorcer au plus tôt cette bombe qui sourd.