Le revirement de Marine Le Pen sur la question du voile

La candidate d’extrême droite semble adoucir sa position sur le voile dont l’interdiction a pourtant longtemps été un de ses marqueurs politiques. Objectif : paraître la moins clivante possible à la veille d’un second de la présidentielle où elle est donnée vaincue quoi que d’une marge serrée.

Un aphorisme populaire veut que seuls les imbéciles ne changent pas. Mais certains changements n’en restent pas moins étonnants. Et celui de Marine Le Pen sur le voile a de quoi donner le tournis. En quelques heures ces derniers jours, la patronne du Rassemblement national (RN) et finaliste de la présidentielle aura opéré un virage à 360 degrés à propos de ce foulard islamique.

« Ce sont des problèmes complexes. J’en suis parfaitement consciente. Il y aura de toute façon des débats. L’Assemblée nationale aura son mot à dire. Je ne suis pas obtuse », a notamment lâché la candidate d’extrême droite, samedi 16 avril en marge d’un déplacement à Saint-Rémy-sur-Avre (Eure-et-Loir), laissant la porte ouverte à l’idée d’une abrogation de cette loi d’interdiction du voile avant même son adoption, via le référendum citoyen.

Des années d’intransigeance

Ces propos contrastent avec ceux tenus la veille par l’intéressée sur ce même sujet du voile. Marine Le Pen avait précisément indiqué sur les ondes de BFMTV qu’il était essentiel d’interdire cet accessoire islamique. Une posture certes inquiétante pour les adeptes de ce foulard, mais conforme à la ligne directrice de la présidente du RN sur la question.

Depuis une dizaine d’années au moins, la députée du Pas-de-Calais ne cesse de pourfendre le voile décrit à la fois comme oppressant pour les femmes qui l’arborent et attentatoire à la laïcité si chère à la République française. Sans oublier l’amalgame savamment nourri entre le voile et l’idéologie islamiste. Il faut donc selon elle, en interdire l’apparition dans l’espace public, à tout prix. Peu importe si cela empiète sur les libertés fondamentales garanties par la Constitution, comme l’ont fait remarquer de nombreux spécialistes du droit par le passé.

Opération de charme

Mais à l’heure d’une présidentielle dont le second tour s’annonce plus disputé qu’en 2017, Marine Le Pen engagée depuis plusieurs mois dans un processus de dédiabolisation veut apparaître consensuelle. Surtout sur les questions d’immigration et d’identité nationale, cœur battant de son programme politique.

L’objectif est de faire en sorte de rallier un électorat de gauche plus indécis que jamais. Celui de Jean-Luc Mélenchon en l’occurrence, le troisième homme du premier tour, dont la seule consigne de vote pour le 24 mai reste « pas une seule voix pour Le Pen ».

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