Le parti d’extrême gauche voit sa cohésion menacée sur fond de fronde contre son fondateur et figure tutélaire Jean-Luc Mélenchon. Celui-ci est notamment accusé de gestion clanique et autocratique.
La France Insoumise (LFI) se voyait sans doute définitivement lancée pour la conquête de l’Élysée après avoir fini à la troisième place lors des deux dernières élections présidentielles et presque vampirisé tous les partis de gauche. Mais elle va devoir exorciser ses propres démons pour y parvenir.
La formation politique fondée par Jean-Luc Mélenchon se trouve en effet à la croisée des chemins avec une certaine menace sur son existence en tant que force motrice de la gauche française. En cause, la gestion de la situation d’une de ses principales figures ayant des démêlées avec la justice.
Quatennens, le détonateur
Il s’agit en l’occurrence du député Adrien Quatennens récemment condamné à de la prison avec sursis pour violences conjugales. Une affaire en lien avec son désormais ex-épouse Céline. Malgré sa condamnation, l’ancien coordonnateur de LFI bénéficie du soutien de Jean-Luc Mélenchon avec lequel il dit avoir des relations d’affection qui vont au-delà de la politique.
Ce dernier a ainsi publiquement plaidé à maintes reprises pour la « réhabilitation » de son protégé, accordant presque sa bénédiction à son retour au parlement après la fin de la durée de sa suspension de quatre mois. Au grand dam de plusieurs responsables du parti qui voient d’un mauvais œil un tel soutien à un homme coupable d’agression contre la femme alors qu’il est censé faire preuve d’exemplarité.
D’autant plus avec la chappe de plomb qui pèse sur les femmes malgré le contexte metoo censé contribuer à la libération de la parole des victimes.
Le malaise sourd
Le malaise sourd dans les rangs des Insoumis depuis la révélation de l’affaire Quatennens en septembre dernier. Et cela va même au-delà du parti car la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes) dont fait partie LFI avec 75 députés sur 151 à l’Assemblée nationale n’est pas unanime à propos de la gestion de ce dossier.
C’est dans ce contexte de tension larvée que Mélenchon vient de procéder à une reconfiguration de la direction du parti, avec l’arrivée à des postes clés de responsabilité de personnalités perçues comme conciliantes avec la ligne du chef.
Parallèlement, des voix décrites comme discordantes, à l’instar d’Alexis Corbière, de Clémentine Autain, de François Ruffin ou encore d’Eric Coquerel, sont écartées.