Le maire de Havre a beau avoir fait allégeance au chef de l’État pour la prochaine présidentielle, il reste toujours considéré comme une menace par une partie de la majorité au pouvoir, d’autant plus avec la création de son parti, Horizons.
Les élus de la majorité présidentielle ont massivement répondu présents à la cérémonie de lancement de Horizons, le dernier-né des formations du paysage politique français. Moins pour la sympathie que la curiosité voire la méfiance nourrie envers son géniteur, Édouard Philippe. Et pour cause, l’ancien homme fort de Matignon s’est longtemps employé à brouiller les pistes ces derniers mois, se permettant même parfois de tacler publiquement le pouvoir en place sur la dette ou l’âge de la retraite. Au grand dam de l’entourage du président candidat à sa propre succession qui ne souhaite surtout pas se faire voler dans les plumes à quelques encablures du scrutin d’avril 2022.
Alors, la sortie de l’homme politique préféré des Français dans sa ville du Havre, samedi 9 octobre, avait valeur de test de loyauté envers Emmanuel Macron pour l’intéressé aux yeux de la majorité. Et l’ancien Premier ministre ne s’est pas dérobé, affirmant sans ambages que son objectif était de faire réélire le chef de l’État.
Un mouvement catalyseur ou trouble-fête ?
Pour y arriver, le juppéiste se dit convaincu de la nécessité de ratisser large autour de l’actuel locataire de l’Élysée. Dans son collimateur : la droite, celle qui rechigne à intégrer les trois pôles actuels de la majorité à savoir le Modem (MoDem), la République en Marche (LRM) ainsi que le parti Agir. Mais il entend également faire adhérer à sa vision, l’aile gauche de la majorité que le président de la République semble s’être aliéné au fil du quinquennat.
Clarification faite, cela suffit-il pour balayer les suspicions autour de sa personne dans le camp présidentiel ? Pas vraiment. Car l’édile du Havre a beau clamer qu’il n’est candidat à rien à très court terme, son ambition ne fait l’ombre d’aucun doute dans le microcosme politique français. Tous savent qu’il mise davantage sur 2027 lors d’une présidentielle à laquelle Emmanuel Macron sera forclos. Quid des composantes actuelles de la majorité ? C’est tout le sens de l’inquiétude qui sourd en ce moment auprès des intéressés. Un Édouard Philippe qui séduit davantage à droite n’est pas de bon augure pour cette tendance politique ou ce qu’il en reste. Alors, mieux vaut surveiller son Horizons de près. Jusqu’au choc des ambitions ?