Au lundi de la victoire du RN aux européennes, Bruno Le Maire a demandé aux patrons de France de prendre position avant les législatives anticipées. S’ils s’inquiètent des conséquences économiques du programme de certains candidats, dont celui du RN, les chefs d’entreprise refusent d’exprimer clairement leur opinion.
C’est la panique un peu partout en France depuis la victoire du Rassemblement National aux européennes, le dimanche 9 juin. Les syndicats appellent à manifester ce weekend pour défendre la démocratie et la République française. De leurs côtés, les partis de gauche annoncent un front populaire pour faire barrage à l’extrême droite lors des législatives anticipées du 30 juin et du 7 juillet prochain.
Bruno Le Maire dans tous ses états depuis le vote de dimanche
Au sein de la Macronie, on crie aussi au danger. Bruno Le Maire, qui se pose en sauveur de l’économie française, a appelé lundi les patrons de France à prendre clairement position pour éviter le pire. Selon lui, si le programme du RN passe, ce sera une vague de fermeture d’entreprises et la suppression massive d’emplois. L’Hexagone, championne européenne de l’attractivité perdrait ainsi en compétitivité. Le patron de Bercy craint même une hausse de la dette avec les mesures « marxistes » de Marine Le Pen.
Le Medef, la CPME et l’U2P sur la même longueur d’onde
Pour les chefs d’entreprise, il n’est pas question de prendre position pour tel ou tel parti. « Nous sommes des acteurs économiques qui ne faisons pas de politique », a assuré Thierry Cotillard, patron des Mousquetaires/Intermarché. Le dirigeant promet toutefois que les patrons de France « défendrons âprement [leurs] positions » et cela « quelles que soient les politiques » en place. Le Medef (qui rassemble les grandes entreprises de France), la CPME (petites et moyennes entreprises) et l’U2P (entreprises de proximité) ont décidé de se mettre d’accord sur l’essentiel, à savoir défendre leurs intérêts communs.
Les patrons favorables aux réformes menées à ce jour
Ces organisations patronales ont convenu de mettre en avant leurs entreprises et salariés. Elles ont dit d’emblée être favorables aux réformes menées à ce jour, notamment celles sur le marché du travail, l’encouragement de la R&D, la baisse des impôts de production et des charges sociales, ainsi que la réduction de la dette et des déficits publics. Le patronat reconnait que ces mesures ont permis de créer deux millions d’emplois depuis 2017 et de placer la France au premier rang de l’attractivité en Europe pour les investissements étrangers.
Les patrons rejettent plusieurs mesures du RN
Le Medef note cependant que « ces résultats sont fragiles » et qu’il est « indispensable de poursuivre les réformes ». Il précise qu’il ne soutiendra pas des mesures économiques remettant en cause ces acquis. Sans nommer de parti, l’organisation patronale, qui regroupe 200.000 grandes entreprises, critique des mesures comme le retour à la retraite à 60 ou 62 ans, l’indexation automatique des salaires sur l’inflation, la nationalisation des banques et des industries dites stratégiques, ou encore la sortie du nucléaire et de l’énergie éolienne.
Ils ne donnent pas de consignes de vote, mais des indications
Le Medef dénonce aussi les projets s’opposant à la liberté de circulation, à la mobilisation de capitaux européens et au principe même de l’échange libre avec les partenaires commerciaux européens. « Cela serait contraire à l’intérêt économique de la France », souligne l’organisation. A la lecture de ces lignes rouges, difficile de ne pas penser que les patrons rejettent les programmes du RN voire de LFI. Et si le Medef se refuse à donner une consigne de vote, il donne de nombreux indices…