Le sénateur Saïd Omar Oili a décidé de quitter la majorité pour protester contre le peu d’entrain du gouvernement à consentir à une commission d’enquête sur la gestion du cyclone Chido. La catastrophe a balayé l’archipel le 14 décembre 2024, faisant des dégâts considérables.
Saïd Omar Oili, il vaut sans doute mieux partir que de se faire complice de la situation chaotique en cours à Mayotte. L’archipel de l’océan Indien traverse une période d’extrême difficulté depuis le passage sur place le 14 décembre 2024, d’un cyclone nommé Chido.
Une catastrophe décrite par le Premier ministre François Bayrou, comme la pire en France depuis la fin de la Seconde guerre mondiale et dont on peine encore à établir le bilan exact, notamment en termes de pertes en vies humaines.
De quoi induire la mise en place d’une commission d’enquête afin d’établir les responsabilités à divers niveaux ?
C’est en tout cas le vœu maintes fois formulé par Omar Oili, sénateur de l’archipel, au sein du Rassemblement des démocrates, progressistes et indépendants (RDPI), le groupe centriste affilié à la majorité du président Emmanuel Macron ces dernières semaines. Sans succès.
« Il ne faut pas mettre en cause le gouvernement »
« On m’a répondu non, car il ne fallait pas mettre en cause le gouvernement », confie-t-il dans une déclaration au Monde, vendredi 24 janvier, évoquant une « démarche pragmatique » de sa part, censée permettre de tirer les enseignements de cette crise pour l’ensemble des territoires ultramarins.
Celui que l’on surnomme affectueusement « S2O » a tout de suite annoncé sa démission du groupe sénatorial, avec une intention de renforcer prochainement les rangs de l’opposition, selon les informations du Monde.
« Je lui ai dit qu’avec une commission d’enquête, on allait mettre en cause Élisabeth Borne, Bruno Retailleau et Thani Mohamed-Soilihi, que cela finirait en tribunal contre le gouvernement », avoue de son côté, François Patriat, président du RDPI, qui dit avoir tenté de satisfaire la requête de son collègue à travers quelques alternatives.
La fracture territoriale au cœur des tensions
Il lui en effet proposé, une mission d’information sur la gestion des risques naturels dans les territoires d’outre-mer, la présidence d’un comité de gestion de la crise, voire une nomination comme parlementaire en mission. Des propositions qui n’ont pas convaincu l’élu mahorais, qui y a vu une manœuvre dilatoire.
« Je pensais que, dans un groupe, le capitaine soutenait ses joueurs. Moi, le ‘petit nègre’, je dois continuer à soutenir le gouvernement ?« , cingle le sénateur démissionnaire à propos de François Patriat. Des mots qui traduisent la tension persistante autour de Mayotte depuis le cyclone.
Sur l’archipel où les sinistrés dénoncent l’insuffisance des moyens de l’État, le soutien à la majorité présidentielle devient de plus en plus difficile à assumer pour les élus locaux. De quoi justifier la démission de S20 ?