Malgré trois décennies d’évolution positive, les femmes françaises continuent de percevoir des salaires significativement inférieurs à ceux des hommes.
À quand l’égalité salariale en France ? La réponse semble être une gageure alors que l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee) dévoile ce mardi 4 février 2025, dans une étude en marge de la Journée internationale des droits des femmes – prévue pour le 8 mars – la prégnance de cette vieille problématique.
Elle met en exergue des inégalités structurelles persistantes bien que l’écart a diminué d’environ un tiers en trois décennies, passant de 34% en 1995 à 22,2% en 2023. À temps de travail identique, les femmes gagnent toujours 14,2% de moins que leurs homologues masculins.
Cet écart n’a rétréci que de huit points depuis 1995, soit de 22,1% à 14,2% à la période considérée par l’Insee (2023). Si l’on considère le revenu salarial global sans ajustement pour le temps de travail, le fossé se creuse davantage, atteignant 22,2%.
Cette progression s’est accélérée depuis 2019, avec une réduction proche d’un point par an. C’est dire que l’amélioration bien qu’indéniable reste insuffisante. D’autant que rien ne garantit que l’évolution va se poursuivre au même rythme que celui actuel à l’avenir.
Le fameux plafond de verre
La situation révèle une réalité plus complexe et profondément enracinée dans le système économique français : la « ségrégation professionnelle ». Le phénomène illustre ici une spécificité bien particulière lorsqu’il s’agit de comparer hommes et femmes.
Ainsi, alors que les femmes représentent 42% des postes salariés du secteur privé – objet de l’étude – en équivalent temps plein (EQTP), elles n’occupent que 24% des postes appartenant au 1% des salaires les plus élevés.
D’où le fameux « plafond de verre ». Autrement dit, cette barrière invisible, mais bien réelle qui limite l’ascension professionnelle des femmes. Lorsqu’on exclut du calcul le 1% des salariés les mieux payés, l’écart de rémunération entre les deux sexes se réduit à 9,7%.
La parentalité, facteur d’aggravation
Comme si la femme était limitée à un rôle de mère, l’arrivée d’enfants dans un foyer constitue un véritable tournant dans la trajectoire professionnelle des mères. De quoi creuser davantage les écarts avec les hommes.
Si l’écart de salaire à temps de travail égal n’est « que » de 5,8% entre hommes et femmes sans enfant, il explose littéralement pour atteindre 28,2% entre les pères et mères de trois enfants ou plus.
Par ailleurs, plus elles sont vieilles, moins les femmes se rapprochent de leurs homologues masculins du même âge en termes de salaire. Soit 4,3% d’écart chez les moins de 25 ans, pour près de 25% chez les 60 ans et plus.
Particulièrement marquées chez les ouvriers (12,9% d’écart à temps de travail équivalent) et les cadres (15%), les disparités sont nettement plus modérées chez les employés (3,6%). Paradoxalement, c’est dans les plus grandes entreprises, supposément plus structurées et encadrées, que les inégalités sont les plus prononcées, d’après l’Insee.