L’Église anglicane rompt avec son passé homophobe

Le Synode général a supprimé l’obligation pour les futurs membres du clergé d’adhérer à un document de 1991 restrictif sur l’homosexualité.

Mardi 15 juillet 2025, l’organe directeur de l’église d’Angleterre a voté massivement pour supprimer l’obligation faite à ceux qui aspirent à intégrer le clergé de consentir à une sorte de charte baptisée “Issues in Human Sexuality” (Questions de sexualité humaine).

Le document publié en 1991 par la House of Bishops (Chambre des évêques) de l’Église anglicane stipule que les membres du clergé ne peuvent prétendre à la liberté d’entrer dans des relations homosexuelles sexuellement actives.

Cette position était justifiée par le devoir d’exemplarité, la responsabilité pastorale et la nature sacramentelle du ministère. Plus généralement, le document suggère que les candidats ouvertement homosexuels et sexuellement actifs devaient être exclus, car leur acceptation équivaudrait à « placer ce mode de vie sur un pied d’égalité avec le mariage hétérosexuel ».

Initialement conçu comme un document d’enseignement, ce texte de 48 pages avait progressivement acquis un rôle plus déterminant dans les processus de discernement et de vocation de l’Église, servant de facto de filtre pour écarter certains candidats à l’ordination.

Un document daté dès sa publication

Il illustre les tensions persistantes entre la tradition théologique et l’évolution sociétale ; l’unité de l’Église et la diversité des opinions ; la compassion pastorale et la cohérence doctrinale.

« Ce document était déjà dépassé au moment de sa publication, et il a été utilisé pour écarter des personnes du parcours d’ordination« , explique Charles Bączyk-Bell, prêtre anglican ouvertement gay de Londres, à Reuters.

La suppression du texte s’inscrit dans une démarche plus large de l’Église d’Angleterre pour moderniser sa position sur les questions de sexualité. En 2023, l’institution avait déjà autorisé les bénédictions pour les couples de même sexe, provoquant de profondes divisions, tant au niveau national qu’international.

Les bastions anglicans d’Afrique (notamment Nigeria, Rwanda, Ouganda) où l’homosexualité reste illégale dans plusieurs pays, avaient notamment suspendu leur communion avec Canterbury ou menacé de quitter la Communion anglicane.

Un équilibre délicat entre inclusion et tradition

L’Église d’Angleterre précise toutefois que cette décision est indépendante du processus « Living in Love and Faith » (Vivre dans l’amour et la foi), lequel explore depuis 2021 les questions d’identité, de sexualité, de relations et de mariage.

Elle souligne également que cette mesure ne modifie pas la doctrine de l’Église, probablement pour rassurer les fidèles les plus conservateurs. Cette nuance révèle la complexité de l’exercice mené par l’institution religieuse : comment concilier une volonté d’inclusion avec le respect des traditions et des sensibilités diverses de sa communauté mondiale ?

Ce vote « écrasant » du Synode général, composé d’évêques, de membres du clergé et de laïcs, témoigne cependant d’une volonté claire de tourner la page sur des positions jugées obsolètes.

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