13-novembre : la France dit enfin merci à Sonia

Une cagnotte ouverte à l’attention de cette lanceuse d’alerte des attentats de 2015, contrainte depuis de vivre recluse, a déjà dépassé les 170 000 euros.

Dix ans après les attentats du 13 novembre 2015, l’une des figures clés du dénouement de ces attaques semble enfin recevoir quelques marques de reconnaissance. Sonia, puisque c’est d’elle qu’il s’agit, se retrouve aujourd’hui au centre d’une cagnotte de solidarité d’envergure.

Lancée le 10 décembre seulement avec un objectif initial de mobilisation de 2500 euros, la collecte dépasse désormais les 170 000 euros. De quoi impressionner les initiateurs. « C’est un succès qui nous déborde complètement, mais dans le bon sens du terme », indique à France TV, Arthur Denouveaux, le président de « Life for Paris », l’association de victimes des attentats du 13-novembre.

Pour mesurer la portée de ce projet, il faut se souvenir de qui est Sonia. En 2015, cette mère de famille croise la route de deux membres en fuite du commando des terrasses, dont Abdelhamid Abaaoud, coordonnateur des attaques, et décide de les signaler aux forces de l’ordre.

Une vie brisée pour avoir parlé

Grâce à ses informations, les terroristes sont localisés et une nouvelle série d’attentats, alors redoutée, est sans doute évitée. Mais cette décision courageuse marque le début d’un long calvaire pour elle.

Sonia est d’abord placée en garde à vue, les enquêteurs souhaitant vérifier qu’elle n’était pas complice. Peu après, elle doit changer d’identité du jour au lendemain et vivre sous protection, avec son compagnon et leurs deux enfants.

« Sonia n’a jamais commis le moindre acte délictueux, ni entretenu la moindre complicité avec les terroristes », insiste son avocate, Me Samia Maktouf, qui dénonce les conditions du programme de protection jugées inadaptées à sa cliente.

« Elle a même parlé de ‘mépris’ par les personnes qui l’assistaient au début« , rapporte Me Maktouf, qui décrit la gestion de la nouvelle identité de sa cliente comme « un loupé administratif ».

Une vie effacée

Pour Sonia, une nouvelle existence a été inventée de toutes pièces : un alias, une histoire familiale fictive, un passé réécrit. Une « légende », comme on en crée pour les agents secrets. Cette vie fabriquée rend tout lien social presque impossible. « J’ai du mal à avoir des amis », confie-t-elle.

Au-delà du statut, c’est la réalité quotidienne du programme de protection qui révèle ses défaillances. « C’est un programme qui l’écrase, qui touche à sa dignité, qui l’empêche de vivre paisiblement, dignement », dénonce l’avocate, qui ne peut dévoiler tous les détails sans mettre sa cliente en danger.

C’est le documentaire Le choix de Sonia, diffusé le 13 novembre sur France 3, qui a ravivé l’émotion et suscité l’élan de générosité. « En réalité, la cagnotte s’est créée d’elle-même. Des téléspectateurs, bouleversés par son histoire, ont contacté la société de production pour demander : Comment peut-on aider Sonia ? Existe-t-il une cagnotte ? », raconte Arthur Dénouveaux.

Laisser un commentaire

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur la façon dont les données de vos commentaires sont traitées.