Soudan : la contestation s’attèle à reconstruire le pays en prenant son temps

Le nouveau premier ministre soudanais, Abdallah Hamdok , lors d'une conférence de presse

 

Au Soudan, les leaders du mouvement de contestation ont désigné jeudi l’économiste Abdallah Hamdok comme premier ministre du futur gouvernement de transition, qui devrait s’étaler sur trois ans et trois mois. Cette transition est voulue longue pour éviter un échec similaire à celui des « printemps arabes ».

Rien ne presse !

Les mouvements de contestation soudanais ont encore en mémoire les piètres résultats des « printemps arabes ». En Egypte, les populations ont vu l’arrivée au pouvoir des militaires, tandis qu’en Libye elles sont confrontées à un véritable chaos. Une leçon est à tirer : ne jamais se précipiter pour aller aux élections après une révolution. Il faut prendre son temps pour reconstruire un pays en lambeaux, un pays qui sort tout juste d’une tyrannie de plusieurs décennies.

Parfaitement conscients qu’on ne supprime pas une dictature en se débarrassant simplement du dictateur, les dirigeants de la contestation vont d’abord s’atteler à démonter tout l’édifice pourri laissé par l’ancien président déchu. A commencer par l’armée qui a toujours joué un grand rôle dans ce pays. Après la chute d’Omar El Béchir, les tentations étaient d’ailleurs fortes de reprendre la main. Le chaos menaçant, certains généraux du Conseil militaire de transition (TMC) avaient été à deux doigts de s’emparer du pouvoir flottant, parfois manipulés dans l’ombre.

Abdallah Hamdok choisi par la contestation

Pour combattre l’armée, le meilleur moyen c’est de ne pas tirer un seul coup de feu. Que feraient des militaires devant un peuple armé de sa seule volonté d’instaurer la démocratie ? Rien évidemment ! C’est pourquoi, une transition de trois ans et trois mois est annoncée afin de remettre à neuf la société soudanaise. Le premier acte formel fut la désignation, ce jeudi, d’un premier ministre en la personne d’Abdallah Hamdok, qui devra conduire le futur gouvernement de transition. Cet ancien haut fonctionnaire de l’ONU est un économiste chevronné. Il a notamment été vice-secrétaire de la Commission économique pour l’Afrique des Nations unies de 2011 à 2018. Le Conseil souverain, autorité qui chapeautera la transition, doit encore confirmer sa nomination.

Un accord historique attendu samedi

L’accord, conclu en deux temps, en juillet et en août, entre la contestation et les généraux prévoit que le pouvoir doit être transféré aux civils avec la création du Conseil souverain qui compte six membres civils et cinq militaires. La signature de cet accord historique (« déclaration constitutionnelle ») doit avoir lieu samedi 17 août.

L’ordre avec lequel la situation évolue au Soudan est une grande victoire pour la contestation. Mais le combat des démocrates n’est pas gagné d’avance. Quelques généraux, associés à de puissantes structures, pourraient s’efforcer de tirer les ficelles du nouveau Soudan en se cachant derrière le visage avenant des démocrates. Alors vigilance !

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