Mali : l’imam Mahmoud Dicko monte en puissance sur la scène politique

Mahmoud Dicko prononçant un discours lors d'un meeting

 

En lançant, le 7 septembre dernier, la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS), le populaire imam Mahmoud Dicko assume désormais ouvertement sa casquette de leader politique au Mali. Ce partisan d’un islam rigoriste peut compter sur son autorité légitime et la déliquescence de l’Etat malien pour espérer un jour se positionner comme un candidat sérieux à la présidentielle malienne.

L’imam Mahmoud Dicko a lancé le 7 septembre dernier, ce qu’on pourrait appeler son parti politique (ç’en a tout l’air) : la Coordination des mouvements, associations et sympathisants (CMAS). Une telle initiative ne devrait pas plaire au président Ibrahim Boubacar Keita car cet imam, partisan d’un islam rigoriste, n’a eu de cesse, ces derniers mois, de s’attaquer à son pouvoir. « Mon problème, c’est ceux qui ont trahi le peuple malien. C’est à eux que je m’adresse. Mon combat, c’est d’abord contre eux », a déclaré l’imam devant des milliers de fidèles. « Le problème du Mali est d’abord un problème de gouvernance. C’est ça qui nous a amenés dans cette situation », renchérit-il. Il fustige particulièrement « une corruption à ciel ouvert et endémique » et « une gouvernance catastrophique ».

« Je ne suis pas faiseur de rois ni président, je veux faire la paix »

En parlant politique sur des assises religieuses, l’imam Mahmoud Dicko enfreint la loi, selon le pouvoir de Bamako. A la veille de son meeting annonçant la création de son mouvement, la Cour constitutionnelle malienne a publié un communiqué prévenant que « les partis politiques ne doivent pas porter atteinte à la sécurité et à l’ordre public » et qu’aucun « ne peut se constituer sur une base ethnique, religieuse, linguistique » sous peine de sanctions. Mais le populaire imam a royalement ignoré cet avertissement, sans doute conscience de sa toute puissance. Le pouvoir n’a d’ailleurs pas eu le cran de le recadrer craignant de provoquer une révolte chez les citoyens qui apprécient les diatribes populistes du religieux. Pour ces Maliens, s’en prendre à un imam qui ose mettre sur la place publique ce que tout le monde dénonce, c’est s’attaquer aux valeurs même de la société malienne et de l’islam.

Pour sa part, l’imam Mahmoud Dicko se veut rassurant : « Je ne suis pas faiseur de rois ni président, je veux faire la paix », a-t-il prêché. Mais ce religieux de 65 ans, qui a réussi à mobiliser près de 100 000 personnes au stade du 26-Mars à Bamako, le 10 février dernier, inquiète une partie du peuple malien. Il est vu d’un regard suspicieux compte tenu de ses discours, parfois ambigus et de ses prises de position passées.

Des prises de positions proches de la charia

Partisan de la doctrine wahhabite, issue de l’Arabie saoudite où il a étudié la théologie, l’imam Mahmoud Dicko avait par exemple poussé le gouvernement à abandonner son projet de manuel scolaire d’éducation sexuelle financé par les Pays-Bas. Aussi, après l’attaque terroriste de 2015, il avait déclaré à la télévision que le Mali devait « tirer les leçons des attentats à Paris, à Bamako, à Tunis ou ailleurs dans le monde ». Selon lui « Dieu est en colère » contre les hommes pour leurs pratiques déviantes telles que l’homosexualité. Certains Maliens craignent donc qu’avec lui au pouvoir, la charia ne soit imposée dans leur pays.

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