« Jeunes et Racisés » : le collectif fondé par des étudiantes amiénoises contre le racisme

Le logo du collectif "Jeunes racisés".

 

A la faveur de la mobilisation autour des affaires George Floyd et Adama Traoré, de jeunes étudiantes amiénoises ont créé le collectif « Jeunes et Racisés » contre le racisme. Premier fait d’armes : l’organisation d’une manifestation qui a réuni plus de 200 personnes, le mardi 9 juin 2020.

Mardi 9 juin 2020, environ 200 personnes ont manifesté à Amiens contre les violences policières et le racisme, à l’appel d’un jeune collectif baptisé « Jeunes et Racisés ». Ce collectif est principalement composé de jeunes militants, des étudiantes âgées de 19 à 23 ans, qui se disent non privilégiés par la société du fait de leurs couleurs de peau ou origines ethniques.

Tout est parti de la mobilisation née autour des affaires George Floyd (Etats Unis) et Adama Traoré (France). « J’ai vu qu’il y avait une manifestation par des associations de travailleurs et des étudiants à Amiens. Le geste est louable mais je me suis dit que c’était vraiment dommage que ce ne soit pas les gens concernés qui l’organisent », affirme Célia Fontaine, 19 ans, à l’origine du collectif. « Ces associations ont tendance à lutter contre le racisme seulement le jour de leur manif. Mais nous, on le vit tous les jours, le racisme », explique-t-elle.

« Parce qu’on est beaucoup formaté, on peut avoir l’impression d’être “en dessous” ou “moins bien »

Avec deux autres jeunes militantes, Célia créé donc le collectif « Jeunes et Racisés » avec un logo, des comptes Facebook et Instagram, des flyers et une devise (« un homme conscient est un homme qui change »). Puis le groupe décide, avec audace, de lancer un premier appel pour une manifestation. Surprise ! Alors que le collectif est parfaitement inconnu, il réussit à réunir quelques 200 personnes devant le palais de justice amiénois. Le rassemblement a même eu le soutien de la Ligue des Droits de l’Homme et la Licra.

Depuis, « Jeunes et Racisés » a reçu du renfort de nombreux jeunes intéressés par leur lutte. Tous se disent attachés aux valeurs de la République et à l’universalité des droits de l’Homme. « La justice doit s’appliquer à tous et pour tous. Nous ne la mendions pas, nous l’exigeons. Ce n’est pas un cadeau, c’est un droit absolu ! », prône le collectif qui rappelle qu’il est « ouvert à tous », même s’il s’agit avant tout de racisés. « On ne veut pas faire ce qu’on méprise », précise Célia.

L’objectif premier des étudiantes est « de sensibiliser les jeunes, qu’ils puissent se déconstruire. Parce qu’on est beaucoup formaté, on peut avoir l’impression d’être “en dessous” ou “moins bien” ». Le collectif souligne qu’en son sein, les personnes racisés pourront facilement et rapidement développer leurs connaissances concernant leur véritables conditions/leur droit et de ce fait diminuer leur parcours de quête identitaire. Ils pourront également contribuer à la lutte contre la discrimination raciale et les injustices.

Des séances d’échanges sur la quête identitaire

Le collectif « Jeunes et Racisés » compte par ailleurs organiser des séances d’échanges, pendant lesquelles l’on parlera par exemple de grands scientifiques racisés, afin de donner des « rôle modèles » aux jeunes gens. « Même si je ne suis pas beaucoup représenté à la télé, je peux devenir ce que j’ai envie d’être, je suis tout aussi apte à réaliser de grandes choses, même si on m’en donne moins la chance », estime Célia. « Ensuite, on expliquera aussi des phénomènes sociaux et des concepts comme le privilège blanc », ajoute-t-elle.

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