Association Espero : former gratuitement les réfugiés à l’apiculture pour un double objectif

Dans une ruche de l'association Espero.

 

Depuis sa création en 2016, l’association « Espero » forme les réfugiés et les demandeurs d’asile aux techniques d’agriculture urbaine et, plus particulièrement, à l’apiculture. Objectif : contribuer à l’insertion socio-professionnelle de ces personnes, tout en mettant en valeur la biodiversité en Île-de-France.

Espero est une association créée en 2016 par Maya Persaud, Pauline Cazaubon, Carlos Arbelaez et Nicolas Treiber pour répondre à l’urgence environnementale et sociale de nos sociétés. Elle se fixe comme mission de réconcilier l’Homme et la Nature à travers trois axes. D’abord développer des projets offrant des formations et des parcours d’insertion professionnelle en apiculture, permaculture et compostage. Ensuite sensibiliser le grand public aux questions environnementales et sociales. Puis enrichir et valoriser la biodiversité de l’Ile de France.

Les abeilles, « des réfugiés de la nature »

La création de l’association Espero répond à un constat. Entre 1995 et 2015 le taux de mortalité des abeilles est passé de 5% à 30% à cause de l’utilisateur, par l’Homme, des pesticides. Pourtant les abeilles sont essentielles à notre survie. En effet, sans elles, il n’y a pas de pollinisation, pas de plantes donc pas de civilisation. Dans le même temps, la crise des réfugiés s’accentuent en Europe, avec des vagues successives de migrants venus d’Afrique ou d’Orient. Il fallait donc à la fois lutter pour la survie des abeilles et aider à l’insertion des personnes éloignées de l’emploi. Comme pour faire un pont entre ces deux défis, Carlos Arbelaez souligne d’ailleurs que les abeilles sont « des réfugiés de la nature ». Selon lui, « elles viennent en ville, car, dans les campagnes, la vie leur est devenue impossible. Les produits chimiques les déciment ». D’où la création d’Espero et l’idée d’une formation gratuite en apiculture urbaine.

Un réfugié syrien assure l’apprentissage

Mais pour débuter, il fallait d’abord trouver un apiculteur et c’était très compliqué, confie l’ancienne modèle américaine Maya Persaud. Heureusement, grâce à l’association Action Emploi Réfugié, Espero a trouvé Ibrahim Karout, un ingénieur syrien de 70 ans. Ce réfugié arrivé en France en 2013 jouit d’une expérience de 30 ans dans l’apiculteur. C’est donc lui qui forme, depuis quatre ans, les élèves dans une dizaine de ruches en Île-de-France, notamment à Bobigny, Antony ou Saint-Denis. À Paris, les ruches se situent dans le 14ème au centre d’accueil Emmaüs et à la Maison des réfugiés, dans le 16ème, ou encore sur les toits de la mairie du 17ème, juste en face de tilleuls propices à l’accueil des abeilles.

D’après l’association Espero, la plus part des participants ont vécu des situations violentes ou de stress post-traumatique dans leur pays d’origine. C’est pourquoi, les formations constituent une sorte de thérapie. « Le bruit des abeilles apaise au même titre que le yoga », car les gestes doivent être doux et lents pour ne pas effrayer les insectes », souligne Carlos Arbelaez, lui-même réfugié colombien arrivé en France à l’hiver 2011. Au-delà du bien-être psychologique, les formations – qui se font par sessions d’avril à septembre – facilitent l’intégration socioprofessionnelle des réfugiés. C’est « un tremplin vers une première intégration socio-professionnelle », explique Maya Persaud. Les premiers apprentis travaillent déjà dans le domaine de l’agriculture, de l’environnement, des espaces verts et même dans la restauration.

Espero anime également des ateliers sur le vocabulaire des métiers pour permettre l’intégration sociale des réfugiés ou demandeurs d’asiles et leur insertion professionnelle sans qu’ils aient besoin de parler très bien le français.

« Agir localement, c’est le plus important »

Depuis 2017, plus de 1 500 réfugiés ont bénéficié des différentes formations. Durant cette période, plus de 700 kilos de miel ont été récoltés et vendus, et 8 sites de biodiversité récrées en Île-de-France. « Agir localement, c’est le plus important. Il y a de quoi faire en Ile-de-France concernant la biodiversité. Tout ce qu’on produit, on le vend en vrac, sans emballages. On lutte contre le gaspillage et on ne veut pas imprimer de papier », précise Maya Persaud.

En 2017, Espero a été deux fois lauréat d’un appel à projets pour l’installation de ruchers à Paris. Elle fait aussi partie des associations qui ont bénéficié du programme Social Starter des Canaux pour trouver des financements et ainsi lancer leur activité.

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