Le président du Rassemblement National (RN) Jordan Bardella a dévoilé lundi le programme de son parti pour l’éducation nationale. Le probable futur premier ministre français a notamment évoqué l’interdiction des portables à l’école, l’obligation du port de l’uniforme et la fin du collège unique. Si certains syndicats enseignants parlent d’un réchauffé, d’autres évoquent un danger.
Jordan Bardella, président du Rassemblement National (RN), a dévoilé lundi 24 juin, sur Europe 1, le programme que son parti mettrait en place pour l’éducation national s’il remportait les législatives anticipées. En cas de victoire dans une semaine, le probable futur premier ministre a déclaré vouloir un « big-bang de l’autorité » à l’école.
Le RN veut notamment interdire les téléphones et imposer le vouvoiement des enseignants
Pour se faire, Jordan Bardella a annoncé l’interdiction des téléphones portables dans les établissements scolaires, l’obligation du vouvoiement des enseignants, la réduction de la bureaucratie pour redonner aux professeurs les libertés et moyens, ainsi que la poursuite de l’expérimentation du port de l’uniforme au primaire et au collège.
Aussi, le potentiel futur chef du gouvernement veut regrouper les élèves perturbateurs, harceleurs et radicalisés dans des centres spécialisés. Ces établissements s’appuieront sur les classes relais, qui accueillent déjà, de façon temporaire, les multi-exclus. Il envisage même l’exclusion provisoire des élèves indélicats, ainsi que la suspension des allocations et des bourses.
Un petit air de déjà-vu pour le Snalc
En outre, Jordan Bardella prévoit de remplacer le collège unique par un collège modulaire afin d’orienter plus tôt vers des filières professionnelles. De plus, il souhaite la mise en place d’un « examen national » en CM2, déterminant l’entrée en sixième. Ceux qui échoueraient seraient orientés vers « des sixièmes d’adaptation ». Le parti d’extrême droite n’a pas encore budgétisé toutes ces mesures. Mais il vise une enveloppe équivalente à celle du ministère de l’Éducation nationale pour 2024.
Pour le Syndicat national des lycées, collèges, écoles et du supérieur (Snalc), « il y a un petit air de déjà-vu ». Sur franceinfo, son vice-président Maxime Reppert a rappelé que le gouvernement actuel a déjà évoqué ces thématiques, notamment l’interdiction du portable, du port de l’uniforme, et la question de l’autorité des professeurs. Il estime d’ailleurs qu’il y a « d’autres priorités » en ce moment.
Le Snalc refuse de prendre position contre le RN
Maxime Reppert cite l’amélioration des conditions de travail pour les élèves et pour les personnels, en particulier l’isolation des bâtiments. Selon lui, l’argent dépensé dans ce programme pourrait servir à cet effet. S’il est dans l’air du temps de prendre position contre l’extrême droite sur les législatives, le Snalc refuse pour sa part toute critique ou consigne de vote. Le syndicat veut se fier « uniquement aux actes et aux idées et non pas aux partis politiques ». Il relève toutefois « des marqueurs politiques très symboliques dans ce programme (du RN), comme dans d’autres ».
Pas le cas du Snes-FSU, qui pense que « le RN ne doit pas arriver au pouvoir »
Le Snes-FSU, premier syndicat dans les collèges et lycées, lui, prend clairement partie pour le Nouveau Front populaire. Selon sa secrétaire générale Sophie Vénétitay, « le RN ne doit pas arriver au pouvoir, tant il est une menace pour l’école. Elle juge « dangereux » et « discriminatoire » son projet d’école qui assignerait les enfants « à leur position scolaire et sociale ». Notons que le député RN Roger Chudeau pourrait devenir le ministre de l’Education national en cas de victoire de son parti, le 7 juillet prochain.