Une nouvelle étude réalisée au Royaume-Uni vient contredire l’idée reçue selon laquelle le développement du télétravail creuserait les inégalités.
Alors que le retour au bureau devient le nouveau cheval de bataille de nombreux employeurs à travers le monde, une étude récente vient bouleverser les idées reçues sur le travail à distance.
Menée au Royaume-Uni par des économistes du King’s College de Londres et des universités de Nottingham et de Sheffield, l’enquête révèle que loin d’accentuer les inégalités comme le prétendent certains patrons, le télétravail pourrait bien être le catalyseur d’une nouvelle ère d’équilibre et de prospérité entre salariés.
« Le passage au travail à distance n’a entraîné aucun changement significatif de l’inégalité globale, mais plutôt une augmentation substantielle de la rémunération moyenne pour tous », écrivent les auteurs, dans le cadre des résultats de cette étude consultés par Bloomberg.
L’émergence d’un nouvel équilibre salarial
Autrement dit, les travailleurs en présentiel voient leurs salaires augmenter pour compenser les coûts associés au travail au bureau, tels que les transports ou encore la garde des enfants. Au même moment, les travailleurs à distance semblent prêts à accepter une rémunération légèrement inférieure en échange de la flexibilité offerte par le télétravail.
Les chercheurs ont ainsi constaté que les employés britanniques seraient prêts à renoncer à 8,2% de leur salaire pour travailler depuis la maison deux ou trois jours par semaine. Un sacrifice largement compensé par les économies réalisées sur les frais de transport, de repas et d’habillement, le cas échéant.
Certains profils se sont révélés encore plus enclins à renoncer à davantage, notamment les femmes, les jeunes actifs ainsi que les personnes ayant des temps de transport plus longs et fatigants.
« Notre recherche montre que cela (le télétravail) n’augmente pas les inégalités, on ne peut donc pas utiliser cet argument pour inciter les gens à revenir au bureau« , estime Paul Mizen, vice-doyen à la King’s Business School du King’s College de Londres, dans une interview avec Bloomberg.
La grande illusion du retour au bureau
Pour parvenir à cette conclusion, chercheurs ont comparé les statistiques de salaires officiels entre 2018-2019 et 2021-2023, ainsi que les réponses à des enquêtes sur les conditions de travail auprès de 1800 personnes à partir de 2019.
L’enquête intervient alors que les appels aux retours au bureau se multiplient dans le monde, avec des employeurs de plus en plus réfractaires au travail à distance. Cette tendance va du monde de la finance à celui du football, avec des employeurs comme Goldman Sachs, Elon Musk ou encore Manchester United ouvertement peu favorables au télétravail.
De quoi semer le trouble chez de nombreux employés, contraintes de jongler à nouveau entre la vie personnelle et les nouvelles exigences professionnelles. Toute chose dont ils n’avaient plus l’habitude depuis l’épisode du Covid-19, qui a marqué la généralisation du travail chez soi.