Boeing pourrait s’éviter un procès pénal dans l’affaire des accidents mortels de 2018 et 2019. Le ministère américain de la Justice (DoJ) va proposer au constructeur de plaider coupable pour non-respect de l’accord de 2021, incluant une mise à l’épreuve de trois ans. Mais les familles annoncent s’opposer à un tel arrangement.
Le ministère américain de la Justice (DoJ) souhaiterait proposer à Boeing de plaider coupable pour non-respect de l’accord conclu en 2021, lui imposant une mise à l’épreuve de trois ans après deux accidents mortels ayant résulté de manquements. Si le groupe aéronautique acceptait, il s’éviterait un procès pénal et une condamnation qui mettrait son existence en péril.
Boeing n’aurait pas respecté ses obligations
En 2021, les autorités américaines avaient imposé une sanction de 2,5 milliards de dollars et une mise à l’épreuve de trois ans, après des crashs mortels en 2018 et 2019. Ces accidents ont causé la mort de 346 personnes au total. Le DoJ accuse l’avionneur de n’avoir pas respecté ces obligations, ce que nie ce dernier. Qu’à cela ne tienne, la justice américaine veut lui éviter une issue fatale. Pour cela, Boeing doit reconnaître qu’il a monté un « complot en vue de tromper la FAA (ndlr : l’agence américaine de régulation du transport aérien) ». C’est la condition pour l’abandon des poursuites.
Risque d’un dépôt de bilan de Boeing en cas de procès pénal
Même si le groupe s’exécute, rien ne garantit qu’il s’en sortira en aussi bons comptes. En effet, il revient à un juge fédéral du Texas, chargé de cette affaire, de décider s’il faut refermer le dossier ou aller au procès. En cas de procès pénal, Boeing perdrait tous les contrats avec le gouvernement américain et le Pentagone, et il déposerait le bilan. Ce qui provoquerait un véritable séisme aux Etats Unis puisque Boeing est un pilier de l’économie et un élément central de la sécurité nationale.
Les incendies se multiplient malgré les procédures judiciaires
Mais les familles de victimes en ont cure de ces considérations. Elles comptent s’opposer vigoureusement à l’arrangement du DoJ, d’après leur avocat Paul Cassell. Dans une lettre récemment adressée au ministère de la justice, elles réclament une amende de 24,8 milliards de dollars contre Boeing et l’inculpation de ses responsables. Elles jugent un procès pénal d’autant indispensable que des incidents se multiplient ces dernières années. Porte arrachée en plein vol, pannes, blocages et défaillances ne se comptent plus.
Boeing a reconnu la « gravité » de la situation
Les problèmes concernent particulièrement les avions commerciaux, dont le 737, le 777 et le 787 Dreamliner. L’Agence américaine de régulation de l’aviation civile (FAA) a ouvert des enquêtes sur les récents incidents. Elle s’intéresse également à son fournisseur Spirit Aerosystems, que Boeing souhaite à présent racheter, tout comme son concurrent Airbus. Le constructeur américain a reconnu mi-juin la « gravité » de la situation concernant la qualité de sa production. Il a même annoncé un plan d’action complet pour remédier à ces problèmes.