Un nouveau rapport sur l’emploi dans le secteur musical et du spectacle vivant, éclaire les disparités salariales alarmantes en vogue selon que le sujet soit un homme ou une femme.
En France la musique paie, sauf lorsque l’on est une femme. C’est le constat peu flatteur relevé sur le terrain par le Centre national de la musique (CNM), établissement public chargé d’œuvrer à un « développement harmonieux des différentes composantes de la filière ».
Son dernier baromètre sur l’emploi dans le secteur de la musique et du spectacle vivant publié fin octobre à partir des chiffres de 2023, lève le voile sur de criantes disparités salariales entre les hommes et les femmes, dans tous les segments du secteur.
Même la différence dans les types de contrats n’y change rien. Ainsi, les femmes perçoivent en moyenne 38 311 euros bruts annuels en CDI, contre 46 207 euros pour leurs homologues masculins. Soit un écart de près de 7 900 euros.
La situation n’est guère plus réjouissante pour les CDD, où les femmes touchent en moyenne 29 020 euros contre 32 159 euros pour les hommes. Quant aux artistes intermittentes, leurs cachets accusent un retard de 10,5% par rapport à ceux des hommes.
Un plafond de verre particulièrement résistant
Dans le spectacle vivant privé, qui représente près de la moitié du secteur, l’écart salarial atteint des sommets. Les hommes en CDI gagnant en moyenne 45 249 euros, soit 20% de plus que les femmes (37 634 euros).
Même logique dans le spectacle vivant public caractérisé par un écart de 16% en faveur des hommes en CDI. Dans l’édition phonographique, détenteur du triste record des inégalités, les hommes perçoivent des salaires supérieurs de 33% à ceux des femmes, avec une moyenne de 64 767 euros contre 48 533 euros.
« Cette première édition du baromètre met en évidence la persistance d’inégalités structurelles dans notre secteur », note le CNM, alors que se dessine une ségrégation verticale particulièrement marquée par une sous-représentation des femmes aux postes clés.
En effet, seuls 12% des postes de direction musicale sont occupés par des femmes, et elles ne représentent que 7% des compositeurs.
La maternité, un facteur aggravant
Plus frappant encore, aucune femme ne dirige l’un des huit centres nationaux de création musicale disponible en France. Une situation qui illustre l’imperméabilité du secteur aux évolutions sociétales. Les programmations artistiques sont ainsi impactées par cette situation.
La sociologue Myrtille Picaud, qui a passé au crible 24 clubs parisiens dans le cadre d’une de ses recherches, constate auprès du quotidien Libération que les artistes féminines n’y occupent que 10% des programmations.
« Quand une femme annonce qu’elle est enceinte, elle peut perdre des contrats, car personne ne veut prendre de risques« , appuie Amandine Thiriet, présidente du collectif Mattermitente citée par le journal, dévoilant la maternité comme un autre facteur d’entrave pour l’épanouissement féminin dans la musique hexagonale.