Les données de l’institut Kiel donnent la mesure des contributions apportées à Kiev dans sa riposte à l’agression russe depuis 2022. Un fardeau encore plus lourd pour les Européens depuis le désengagement des États-Unis il y a cinq mois.
Si l’argent demeure le nerf de la guerre selon l’expression consacrée, cette réalité s’avère cruciale pour l’Ukraine, engagée depuis février 2022 dans la défense de son intégrité territoriale contre l’agression russe.
Face à la supériorité militaire russe, Kiev a dû s’appuyer massivement sur l’aide internationale. À cet effet, deux acteurs se sont distingués par leur soutien massif : les États-Unis et l’Union européenne (UE).
Mais Washington a brutalement changé de cap depuis le retour au pouvoir de Donald Trump, qui applique sans nuance sa doctrine « America First » (l’Amérique d’abord, en français), abandonnant un allié en guerre qu’il présente désormais comme responsable du conflit.
Pire, la nouvelle administration américaine ne se contente pas de couper les vivres à Kiev. Elle exige le remboursement intégral de l’aide fournie au pays depuis 2022 et lorgne ouvertement sur les ressources naturelles ukrainiennes pour récupérer sa mise.
Un grand renversement européen
De fait, les États-Unis n’ont plus débloqué le moindre centime en faveur de l’Ukraine depuis le début de l’année. Cette situation a provoqué un report massif de la charge sur les épaules européennes.
L’aide américaine, qui culminait à 27 milliards d’euros au premier trimestre 2024, s’est ainsi effondrée à seulement 2 milliards sur la même période en 2025. Parallèlement, les contributions européennes ont explosé à 19 milliards d’euros, établissant un record historique depuis le début du conflit.
Cette enveloppe européenne dépasse désormais même les pics de générosité américaine des trimestres précédents. Les chiffres d’avril 2025 confirment cette inversion : alors que Washington maintient l’aide à l’arrêt, l’Europe soutient encore le rythme avec 7,5 milliards d’euros sur ce seul mois.
Cette mobilisation européenne révèle toutefois des fractures significatives au sein même du continent. Certaines grandes puissances s’inscrivent ainsi dans le sillage des États-Unis en réduisant leur aide, à l’instar de l’Allemagne, de l’Italie et de l’Espagne.
Des solidarités européennes à géométrie variable
Afin de mesurer l’ampleur de la générosité des donateurs en faveur de l’Ukraine, l’institut Kiel a rapporté la contribution de chacun à son PIB, soit leur niveau de richesse. L’Estonie grimpe en tête avec 3,7% de son PIB consacré à l’aide, talonnée par la Norvège (3,6%) et le Danemark (2,7%).
Derrière ces chiffres se dessine une géographie de la solidarité européenne où les anciennes républiques soviétiques et les pays frontaliers de la Russie assument une responsabilité disproportionnée par rapport à leur taille économique.
Quant aux États-Unis, ils se retrouvent au 17e rang mondial. Il reste à voir si l’Europe, désormais orpheline de Washington, saura maintenir durablement un tel niveau d’engagement.