Le souverain pontife a vivement critiqué l’homme d’affaires américain, fustigeant une richesse qui, selon lui, érode les valeurs humaines fondamentales au profit d’une quête obsessionnelle du profit.
« Hier la nouvelle qu’Elon Musk va être le premier trillionnaire au monde. Qu’est-ce que cela signifie et de quoi s’agit-il ? Si c’est la seule chose qui a encore de la valeur, alors nous sommes en grande difficulté… »
Dans sa première interview depuis son accession au trône papal en mai dernier, Léon XIV s’en est ouvertement pris aux ultra-riches et à leur propension à toujours accumuler de l’argent. Et qui de mieux que le milliardaire américain, l’homme le plus riche du monde, pour incarner cet état de fait ?
À 54 ans, le PDG de Tesla, X, xAI, Neuralink, SpaceX entre autres, a une fortune estimée à 440 milliards de dollars selon l’indice Bloomberg en temps réel.
Selon un rapport d’Informa Connect Academy cité par le Financial Times (FT), l’entrepreneur et principal contributeur financier de la réélection de Donald Trump, pourrait même franchir le cap du trillion de dollars dès 2027, notamment grâce aux participations dans ses diverses entreprises.
Un écart salarial devenu abyssal
Entre-temps, Tesla lui propose un nouveau plan de rémunération qui pourrait atteindre 1 000 milliards de dollars sur la prochaine décennie s’il atteint une série d’objectifs ambitieux. Le constructeur électrique souhaite ainsi éviter que son PDG privilégie ses autres entreprises privées — principalement SpaceX et xAI Holdings — désormais source de la majorité de sa richesse.
« Il (Musk) a plus d’options attrayantes aujourd’hui que jamais auparavant. Le package de rémunération pouvant aller jusqu’à 423 millions d’actions est nécessaire pour l’empêcher de prioriser d’autres entreprises », justifie Tesla dans un dépôt judiciaire consulté par CNBC.
Au grand dam du pape Léo, qui dénonce la structure des rémunérations dans le monde de l’entreprise. « Les PDG qui, il y a 60 ans, gagnaient peut-être quatre à six fois ce que recevaient les travailleurs, selon le dernier chiffre que j’ai vu, gagnent maintenant 600 fois ce que reçoivent les travailleurs moyens », a-t-il souligné dans cet entretien publié sur la plateforme catholique Crux dans le cadre d’une biographie en espagnol à paraître bientôt chez Penguin Peru.
Un pape connecté aux défis contemporains
Pour le chef de l’Église catholique, cette concentration extrême des richesses menace « la valeur de la vie humaine, de la famille, la valeur de la société ». « Si nous perdons le sens de ces valeurs, qu’est-ce qui compte encore ?« , s’interroge le successeur de François.
À l’instar de son prédécesseur, le premier pontife d’origine américaine s’impose comme une voix morale sur les grands enjeux de l’époque. Lors d’un récent séminaire au Vatican, il a ainsi appelé la théologie à s’emparer des crises modernes, du changement climatique à l’intelligence artificielle.
Sur ce dernier point, sa réflexion va au-delà des considérations éthiques habituelles. Il interroge des questions fondamentales : « Qu’est-ce qu’un être humain et quelle est sa dignité inhérente, qui est inconciliable avec un androïde numérique ?«