Le géant technologique prend des mesures après avoir découvert une utilisation non autorisée de sa plateforme Azure pour surveiller des citoyens palestiniens.
Microsoft a annoncé jeudi 25 septembre avoir pris la décision de désactiver l’accès du ministère israélien de la Défense à certains de ses services cloud. Cette mesure intervient après la découverte par la firme technologique de l’utilisation détournée qui était faite de cet outil.
L’affaire a été mise au jour après la publication d’un article du journal britannique The Guardian, qui révélait début août que l’Unité 8200, la branche secrète du renseignement militaire israélien, stockait et surveillait les données de millions d’appels téléphoniques de Palestiniens via les infrastructures cloud de Microsoft (Azure).
Opérationnel depuis 2022, ce système de surveillance permet à l’Unité 8200 de collecter et conserver des enregistrements de millions d’appels téléphoniques quotidiens. L’ambition du projet était résumée par un slogan interne alarmant : « un million d’appels par heure ».
Selon des sources de l’Unité 8200 citées par l’enquête journalistique, le système basé sur le cloud a contribué à guider des frappes aériennes meurtrières et a façonné les opérations dans les territoires palestiniens occupés.
Microsoft pour le moins embarrassée
Cette surveillance généralisée a ainsi transformé une infrastructure technologique civile en outil militaire offensif. Face au tollé provoqué par ces révélations, Microsoft a lancé une enquête interne dont les conclusions ont contraint l’entreprise à reconnaître une partie des faits, selon un message diffusé en ligne aux employés par le président Brad Smith et cité par Le Monde.
« Nous ne fournissons pas de technologies destinées à faciliter la surveillance de masse de civils », a-t-il assuré. Le dirigeant a par ailleurs précisé que l’entreprise avait passé en revue cette décision avec le ministère de la Défense israélien, ainsi que les mesures prises pour garantir sa mise en conformité.
Les analystes technologiques se montrent toutefois sceptiques quant à l’impact réel de cette décision sur les opérations de surveillance israéliennes. D’autant que des sources du renseignement ont indiqué à The Guardian que l’Unité 8200 prévoyait de transférer les données des serveurs de Microsoft vers la plateforme cloud d’Amazon Web Services.
Une mobilisation internationale
Amnesty International a salué la décision de Microsoft, tout en soulignant qu’il était crucial que l’entreprise enquête sur l’ensemble de ses contrats, ventes et transferts d’équipements de surveillance, d’intelligence artificielle et autres technologies connexes à Israël.
Le collectif d’employés « No Azure for Apartheid » a exprimé une position plus critique, regrettant que « Microsoft n’ait désactivé qu’un petit sous-ensemble de services pour une seule unité de l’armée israélienne et que la grande majorité du contrat de Microsoft avec l’armée israélienne reste intacte ».
Selon les responsables de la santé palestiniens, la campagne militaire israélienne en réponse aux attaques terroristes du Hamas du 7 octobre 2023 a tué près de 65 000 Palestiniens.