En mai dernier, ADP-Maliba avait décidé, en toute souveraineté, de rejoindre la majorité présidentielle au sein du groupe parlementaire « Benso », présidé par son fondateur Aliou Diallo. Mais, à peine deux mois plus tard, le parti de la Balance annonce son retrait de cette plateforme. Pourquoi un départ aussi rapide ?
À l’occasion de ses premiers pas à l’Assemblée nationale, le 26 mai 2020, Aliou Boubacar Dialloavait décidé de l’entrée de son parti ADP-Maliba dans la majorité présidentielle, via le groupe parlementaire « Benso », qu’il préside. Il avait alors expliqué que cette décision permettrait la mise en œuvre efficace des recommandations du Dialogue National Inclusif (DNI), seule voie d’issue à la crise multidimensionnelle au Mali. Près de deux mois après, le député de Kayes retire son parti de la majorité présidentielle, alors que le pouvoir de Bamako fait face à un mouvement de contestation d’ampleur.
La violence, contraire aux principes d’Aliou Diallo
Pour ADP-Maliba, il ne s’agit pas d’une énième traitrise, comme tentent de le faire croire ses détracteurs. Il est ici question de respecter la ligne idéologique du parti : la recherche constante du consensus par le dialogue et non la violence. Or, il y a une semaine, Ibrahim Boubacar Keita a franchi la ligne rouge. En effet, le pouvoir de Bamako a réprimé, dans le sang, les manifestations du Mouvement du 5 juin-Rassemblement des Forces Patriotiques (M5–RFP), les 10 et 11 juillet dernier dans la capitale. Ces évènements ont fait onze morts et plus de cent blessés. « Le parti regrette et condamne les pertes en vies humaines. Ces agissements contrastent avec les valeurs de paix, de mesure et de retenue » du parti d’Aliou Diallo, a indiqué Youba, président de l’Alliance démocratique pour la paix (ADP-Maliba).
Compte tenu de la gravité des faits, ADP-Maliba appelle à l’ouverture immédiate d’une enquête indépendante pour déterminer les circonstances exactes des pertes en vies humaines enregistrées et appliquer les sanctions qui s’imposent.
Bamako à fait la sourde oreille
Le parti d’Aliou Diallo regrette surtout que la majorité présidentielle n’ait jamais pris en compte ses propositions de sortie de crise au Mali. Une attitude qui a fini par excéder les responsables du parti de la Balance. « La voix du parti n’a pas été entendue dans une ambiance délétère entre majorités, EMP, CFR et CPM », a déploré Youba Ba, qui rappelle que les solutions d’ADP-Maliba ont été validées par une délégation de la Communauté Économique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO), en mission à Bamako le 19 juin 2020. Il s’agit notamment de la dissolution de la Cour constitutionnelle et de l’organisation d’élections législatives partielles dans les localités où il y a eu des contestations.
En outre, Aliou Diallo a toujours considéré l’intégration de la majorité présidentielle comme un compromis pour la sortie de crise au Mali. Selon le milliardaire, le pays ne peut retrouver la paix et le développement durable que par l’union de ses fils et filles. Il fallait donc des concessions de part et d’autre. Ce qui n’a jamais été vraiment fait… Hélas !
ADP-Maliba, sentinelle de la liberté et de la démocratie
Le parti d’Aliou Diallo n’a pas encore dit s’il rejoindra l’opposition ou non. Ce qui est sûr, souligne ses responsables, il ira là où le dialogue et le consensus constituent les valeurs suprêmes. Pour le moment, ADP-Maliba promet de « s’ériger en sentinelle de la liberté et de la démocratie de manière indépendante pour servir le Mali et réconcilier ses enfants ».