Le camp présidentiel opposé à la réintégration du personnel soignant réticent à la vaccination anti-Covid, a joué des coudes jeudi au parlement afin de maintenir le statu quo. Le sujet reste à trancher.
Alors, réintégration ou pas réintégration des soignants suspendus pour refus de se faire vacciner contre le Covid-19 ? Deux camps diamétralement opposés se dégageaient jeudi à l’Assemblée nationale à propos de la question. Mas l’équilibre des forces n’était pas le même.
Car le camp présidentiel était minoritaire pour la circonstance en raison d’une large adhésion des différents courants de l’opposition à la levée de la suspension. Il est pourtant sorti vainqueur du bras, en profitant des failles de la nature de la séance.
Subterfuges et stratégie de blocage
Cette dernière s’était en effet déroulée dans le cadre de la niche parlementaire qui donne aux groupes parlementaires minoritaires le pouvoir de décider, une fois par mois, de l’ordre du jour à l’Assemblée nationale. Mais la séance qui devait se dérouler dans un délai imparti – clôture impérative des débats à minuit – a tourné à l’avantage du camp présidentiel.
Entre prises de parole prolongées, propositions d’amendements et de sous-amendements, les membres du groupe parlementaire « Renaissance » – qui soutiennent le pouvoir du président Emmanuel Macron –, ont fait jouer la montre, retardant le maximum possible le vote de la proposition de loi censée acter la fin de la suspension des soignants réfractaires à la vaccination.
La présidente de séance a fini par clôturer les débats peu avant minuit, après des heures de confusion et même d’invectives entre camps opposés. Au grand dam de La France Insoumise (LFI) et de ses alliés de circonstance.
Statu quo intenable
« Nous ne lâcherons pas, nous ferons en sorte que ce texte revienne« , a lancé Caroline Fiat de LFI, preuve que le gouvernement a peut-être gagné ce jeudi une bataille, mais pas la guerre. Sujet extrêmement polarisant, l’éventualité d’une réintégration des soignants réticents au précieux sérum devra être tranchée d’une façon ou d’une autre.
D’autant que les intéressés à environ 5 000 tous secteurs confondus – infirmiers et soignants –, dont une grande majorité sur les territoires d’outre-mer, se trouvent dans une sorte de no man’s land avec à la fois l’incapacité d’exercer leur métier et celle de prétendre au chômage.
En attendant, l’exécutif joue toujours le chrono en indiquant attendre un nouvel avis de la Haute Autorité de Santé (HAS) qui s’est pourtant prononcée contre la réintégration en juillet dernier.