Amazon : la fermeture des entrepôts, un « chantage » aux yeux des syndicats

Des piles de cartons dans un entrepôt d'Amazon.

 

Suite à la décision de la cour d’appel de Versailles, Amazon a annoncé lundi qu’il maintenait la fermeture de ses entrepôts en France jusqu’au 5 mai inclus. Cette réponse en forme de bras de fer politique est perçue comme un chantage par les syndicats, dont la Fédération Sud Commerces, par qui est arrivée la plainte contre le géant du e-commerce.

100.000 euros pour chaque infraction

La cour d’appel de Versailles a confirmé vendredi dernier la décision du tribunal judiciaire de Nanterre, qui a sommé Amazon de restreindre son activité aux produits essentiels et de procéder à une évaluation des risques professionnels pesant sur les salariés du groupe. Toutefois, la cour a élargi la liste des produits que le site marchand peut continuer à livrer. Amazon a reçu l’autorisation de vendre également les produits high-tech, informatique, de bureau, « Tout pour les animaux », santé et soins du corps, nutrition, parapharmacie, d’épicerie, des boissons et entretien.

Mais le site marchand n’est pas sûr de respecter les règles fixées par la cour d’appel de Versailles, qui exige notamment qu’il livre les produits sous 48 heures. Passé ce délai, chaque infraction sera pénalisée à hauteur de 100.000 euros pendant une durée maximale d’un mois. Pour ne pas prendre de risques inutiles, Amazon a préféré maintenir la fermeture de ses entrepôts en France jusqu’au 5 mai inclus. « Un taux infime de traitement accidentel de produits non-autorisés, de l’ordre de 0,1%, pourrait entraîner une pénalité de plus d’un milliard d’euros par semaine », a justifié le distributeur dans son communiqué publié lundi 27 avril.

« Ils auraient pu rouvrir les entrepôts et commencer à négocier »

De l’avis de Laurent Degousée, délégué de la Fédération Sud Commerces, à l’origine de la plainte contre Amazon, cette décision du groupe repose sur un argument fallacieux : la peur de l’amende. Il estime que c’est « une forme de chantage que la direction n’avoue pas ». Puis de lancer : « Ils veulent faire pleurer dans les chaumières ». Laurent Degousée trouve par ailleurs que les dirigeants d’Amazon rament à contre-courant de ce qui se fait actuellement. « Ils auraient pu rouvrir les entrepôts et commencer à négocier, mais il fallait accepter de travailler de façon dégradée. Certaines entreprises le font, pourquoi pas Amazon ? », s’interroge le délégué syndical. Quant à la stratégie d’Amazon, qui consiste à autoriser des commandes de produits auprès des entreprises indépendantes vendant sur son site, Laurent Degousée juge qu’elle « n’est pas viable sur le long terme ».

Amazon en colère contre les syndicats

Amazon, lui, ne décolère pas contre les syndicats. Pour le groupe, « la décision rendue par la cour d’appel de Versailles », le « conforte dans l’idée que l’enjeu principal n’est pas tant la sécurité que la volonté de certaines organisations syndicales de tirer parti d’un processus de consultation complexe avec les comités sociaux et économiques ». L’entreprise dit « évaluer la meilleure façon d’opérer au regard de la décision de la cour d’appel », tout en martelant que ses « centres de distribution sont sûrs ».

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