Le sénateur de la Loire-Atlantique mise en examen pour avoir prétendument drogué une députée afin d’abuser d’elle, est désormais unanimement condamné par la classe politique française. Un contraste avec de nombreux événements récents du même genre.
Du soupçon à la condamnation populaire, il n’y a qu’un pas en dépit du principe sacro-saint de la présomption d’innocence. Joël Guerriau l’apprend à ses dépens depuis peu. Le sénateur de la Loire-Atlantique est passé en quelques jours d’un des hommes politiques les plus expérimentés de France à un personnage indésirable nulle part.
À commencer par son parti, Horizons, qui l’a suspendu samedi 18 novembre. Soit moins de 24 heures après sa mise en examen pour « administration à l’insu d’autrui d’une substance de nature à altérer son discernement ou le contrôle de ses actes, afin de commettre un viol ou une agression sexuelle » et « détention et usage de substances classées comme stupéfiants », et son placement sous contrôle judiciaire.
Changement de ton
Une procédure disciplinaire destinée à l’exclure définitivement est également en cours. La même sanction a été actionnée contre lui au sénat et à l’Assemblée nationale où le mis en cause occupait jusque-là respectivement les fonctions de secrétaire au bureau et de vice-président de la commission des affaires étrangères.
Au-delà de ces actions particulières de par leur célérité, c’est à travers le discours que Joël Guerriau subit aujourd’hui un rejet quasi unanime du cercle politique français. « Nous n’avons aucune espèce d’acceptation sur des faits de cette nature », a ainsi indiqué l’ancien Premier ministre et patron d’Horizons, Edouard Philippe, cité par Le Monde.
« Le sénateur a admis être détenteur de substances illicites, ce qui balaie la présomption d’innocence au sujet de faits embarrassants », justifie Laurent Marcangeli, un autre responsable du parti, toujours dans les colonnes du journal.
Un contraste saisissant
Tout cela contraste fortement avec le passé où des personnalités politiques ont pu bénéficier d’un certain traitement de faveur dans des situations de mauvais traitement envers les femmes.
Les affaires Nicolas Hulot – soutenus par des membres du gouvernement lors des accusations de viol et d’agression sexuelle sur mineur – et Adrien Quatennens, qui a été réinstallé comme député malgré une condamnation pour violence conjugale, résonnent encore fortement.
De quoi se demander si le cas Joël Guerriau présage d’une nouvelle manière d’aborder la problématique des violences faites aux femmes dans la politique hexagonale.