Féminiser les filières scientifiques, le grand défi de la France

Le gouvernement a récemment mis en route un programme destiné à stimuler la participation des filles aux filières scientifiques, avec un objectif à long terme à la fois sociétal et économique.

« Prenez toute votre place, on a besoin de vous« , a lancé Élisabeth Borne, dans un entretien accordé au quotidien Les Échos, mardi 6 mai dernier, à l’endroit des filles. Plus qu’un message, ces mots sont un cri de « guerre » destiné à rompre avec une réalité française particulièrement tenace : la moindre intégration des filles dans les filières scientifiques.

« Parmi les jeunes qui s’engagent dans des formations aux métiers d’ingénieur et du numérique, il n’y a que 25 % de filles. Cette proportion stagne depuis le début des années 2000 », pointe la ministre de l’Éducation nationale et de l’Enseignement supérieur.

Cette sous-représentation persistante trouve ses racines dès les premières années de scolarité, comme le confirment les données de la dernière enquête internationale Trends in International Mathematics and Science Study (Timss), publiée en décembre 2024.

Rompre le cercle vicieux

D’après cette enquête qui fournit des tendances sur l’éducation en mathématiques et en sciences à travers le monde, la France détient le triste record de l’écart de performance le plus important entre filles et garçons en mathématiques dès le CM1. Un écart accru de 10 points entre 2019 et 2023, passant de 13 à 23 points.

« Le problème commence dès l’école primaire : à l’entrée en CP, le goût des filles pour les maths est équivalent à celui des garçons. Mais, dès la fin du premier trimestre, on constate un décrochage au détriment des filles et un écart qui ne cesse ensuite de se creuser durant toute la scolarité », explique Borne, en amont de son initiative pour rompre avec ce cercle vicieux.

Baptisé plan « Filles et maths », le plan lancé mercredi 7 mai fixe plusieurs objectifs ambitieux : augmenter la proportion de filles en spécialité mathématiques en terminale générale de 42% à 50%, et atteindre 20% de présence féminine dans chaque classe préparatoire scientifique d’ici 2026, pour viser 30% à l’horizon 2030.

Un enjeu sociétal et économique

Il est également prévu des séances de sensibilisation de deux heures aux biais de genre à réaliser « avant le 15 septembre par les chefs d’établissement ou les directeurs d’école » préalablement formés, afin de combattre les stéréotypes ancrés chez les responsables de classes.

« Si le professeur n’y est pas sensibilisé, il peut se retrouver à n’interroger que des garçons ou à les envoyer davantage au tableau », argue la ministre, qui n’exclut pas l’idée de quotas.

« Il manque, par an, plus de 20.000 ingénieurs et 60.000 techniciens. Pour en augmenter le nombre, il faut attirer plus de filles », ajoute Borne, décrivant une situation pénalisante également pour le pays, au-delà du défi sociétal.

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