Le président sortant des Hauts-de-France fort d’un agenda bien défini croit en ses chances pour la présidentielle de 2022. Le camp d’Emmanuel Macron lui, feint de ne pas craindre cet adversaire qui se pose en rassembleur de la droite.
À l’heure où la droite semble profondément divisée et par-dessus tout vampirisée par Emmanuel Macron, un homme émerge de ce courant politique. Xavier Bertrand, 56 ans, président sortant de la région des Hauts-de-France a fait du scrutin régional, une primaire pour une éventuelle candidature à la prochaine présidentielle. « Si je perds, c’en sera fini de ma vie politique », affirme l’intéressé. Un risque bien calculé d’autant que l’ancien ministre de Nicolas Sarkozy reste largement favori de ces régionales.
Un objectif clair
Au-delà de sa popularité au niveau local, c’est l’Élysée que vise Xavier Bertrand. Quitte à susciter la moquerie de certains sur l’idée de solliciter une réélection aux régionales pour ensuite courir vers un autre scrutin – la présidentielle en l’occurrence –, quelques mois plus tard. Mais le quinquagénaire n’en a cure. Sa déclaration de candidature de mars dernier à l’élection d’avril 2022 tient d’un scénario savamment orchestré et dont les épisodes se déploient avec minutie au fil des jours.
Depuis plusieurs semaines, l’ancien secrétaire général de l’UMP – devenue Les Républicains (LR) – pourfend le président à chaque intervention dans les médias. Il décrit sa gouvernance comme défaillante et déconnectée. Lui le modeste employé d’assurance qui a réussi à gravir les marches de l’État. Tout le contraire d’un Emmanuel Macron, ex-banquier d’affaires ou même de son adversaire à la présidentielle, Marine Le Pen, héritière.
Selon ses proches, cette combinaison de hargne et de méthode constitue la marque de fabrique de Xavier Bertrand. Un personnage pour qui tout est toujours bien calculé à l’avance et dont l’influence si modeste soit-elle au sein de l’opinion, ne laisse guère indifférente la majorité présidentielle.
Limiter sa popularité
Alors que les soutiens du chef de l’État parlent en public de Xavier Bertrand comme d’un épiphénomène, ce dernier n’en inquiète pas moins le camp présidentiel. Bien que crédité d’environ 15% d’opinion favorable par les sondages actuellement – bien loin derrière Macron et Le Pen, le duo final annoncé -, l’ancien maire de Saint-Quentin représente la meilleure personnalité à même de rassembler un tant soit peu la droite en lambeaux. Il pourrait donc forcer les LR qu’il a quittés depuis 2017 à se ranger derrière sa candidature, à en croire de nombreux observateurs. Emmanuel Macron ne s’y trompe pas en envoyant cinq de ses ministres chasser sur ses terres des Hauts-de-France aux régionales. Le président fait également un passage remarqué dans cette région ce jeudi 17 juin dans le cadre de son tour de France.