Strasbourg réinvente l’égalité à l’école

La ville de l’est de la France expérimente dans les écoles, un système de géolocalisation destinée à répartir de façon plus égalitaire les cours de récréation selon les sexes.

C’est une mesure plutôt innovante pour favoriser une meilleure occupation de l’espace au sein des cours de récréation de Strasbourg. Il est ainsi mis en place depuis quelque temps dans plusieurs écoles de la ville, un système de documentation scientifique.

Le but est de recueillir des données qui renseignent sur le partage des cours de récré selon les différents sexes. Pour ce faire, les élèves sont équipés sur l’impulsion de la municipalité écologiste de la région, avant d’aller dans la cour, d’appareils GPS.

« On les met à chaque récréation, le matin et l’après-midi pour voir où ils vont se déplacer dans la cour », explique à BFMTV, Claire Villerot, enseignante en classe de CP à l’école élémentaire de la Musau. À l’origine de ce projet pilote, un constat plutôt tenace : l’inégale occupation des aires de jeux dans les écoles.

Cette situation, les enfants vont même jusqu’à l’intérioriser au fil des ans, à leur corps défendant. Certains préférant s’amuser dans telle zone de la cour de récréation plutôt qu’une autre.

Une ségrégation spatiale invisible

Comme en attestent, les témoignages recueillis toujours à l’école élémentaire de la Musau par BFMTV. « Il y a des endroits occupés que par des garçons parce qu’ils veulent jouer au foot et ils ne laissent pas les filles », affirme innocemment Léo, élève de CP.

Cette appropriation territoriale précoce par les garçons fait naître chez les filles des stratégies d’adaptation. Éléonore et Lucie racontent ainsi leurs habitudes : « Moi je joue beaucoup au rouleau et des fois sous le préau », « Moi aussi sous le préau et des fois dans l’herbe ».

De tels témoignages révèlent une relégation systématique vers les espaces périphériques. « Il y a des habitudes qui se créent très tôt, on a des groupes de gars qui prennent la place dans la cour et les filles vont très vite conscientiser le fait qu’elles sont reléguées en périphérie et d’éviter certains espaces« , indique le chef du projet à la ville de Strasbourg, cité par BFMTV.

Une école pour tous

Selon Claire Villerot, les données récoltées mettent en avant cet état de fait, avec notamment 20% des garçons qui monopolisent 80% de l’espace disponible. Un déséquilibre flagrant axé davantage autour des terrains de sport improvisés.

Face à ce constat, la ville de Strasbourg prévoit une transformation profonde des espaces scolaires à travers la création d’îlots de fraîcheur, la multiplication des espaces végétalisés, et surtout la conception d’aires de jeux en rupture avec le traditionnel rectangle des terrains de sport.

L’ambition est la suivante : d’ici deux ans, 65% des écoles strasbourgeoises devront être transformées selon des principes d’égalité et de végétalisation.

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