Quand la gynécologie franchit les barrières du handicap

La France connaît depuis l’année dernière un élargissement de l’accès aux soins gynécologiques pour les femmes en situation de handicap, grâce à un programme favorablement accueilli baptisé Handigynéco.

Né de la contraction des mots « handicap » et « gynécologie », Handigynéco est bien plus qu’un terme dérivé. Il s’agit aujourd’hui en France, d’une véritable avancée dans un domaine longtemps négligé : celui de la fourniture des soins gynécologiques et obstétricaux aux femmes en situation de handicap.

Dans un pays où, selon une étude menée en 2016 par l’Agence Régionale de Santé (ARS) d’Île-de-France, près de neuf résidentes d’établissements sociaux ou médico-sociaux sur dix n’ont jamais eu de mammographie, et où 26% n’ont jamais bénéficié d’un frottis de dépistage, Handigynéco apparaît comme un dispositif plus que salutaire.

Le projet est d’autant plus essentiel que le handicap représente, d’après des associations spécialisées, le premier motif de discrimination en France, avant l’origine, le sexe ou l’état de santé, faisant ainsi l’objet de 21% des saisines auprès du défenseur des droits.

Un comble, 20 ans après la loi du 11 février 2005, également connue sous le nom de « loi handicap », visant entre autres à garantir l’égalité des droits et des chances, la participation et la citoyenneté des personnes en situation de handicap.

Un espace de parole précieux

Le projet initié par l’ARS d’Île-de-France et réalisé en phase pilote dans trois régions (Île-de-France, Bretagne et Normandie) en 2022, avant d’être déployé à l’échelle nationale en 2024, met en exergue des sages-femmes volontaires – 65 déjà formées, plus 15 autres à venir –, à l’instar de Pauline Roca citée par Le Monde.

Cette professionnelle qui exerce en libéral à Pontoise (Val-d’Oise), se rend chaque mardi dans des établissements médico-sociaux de la région – Maison d’Accueil Spécialisée (MAS) de la Fondation Anais à Jouy-le-Moutier, Foyer d’Accueil Médicalisé attenant, Foyer d’Accueil Médicalisé Béthanie de la Fondation John Bost à Menucourt – pour des suivis réguliers aux patients.

Aucun handicap n’est de trop pour bénéficier de ces précieuses séances. Règles douloureuses, ménopause… ces ateliers ouvrent un espace de parole précieux, où les questions intimes peuvent enfin être abordées sans tabou.

Une reconnaissance institutionnelle majeure

Cette approche globale de la santé sexuelle et reproductive est essentielle, car permettant de repérer des situations préoccupantes. Le dispositif a notamment mis en lumière des cas de violences sexuelles non déclarés : 4% des consultations ont révélé de telles situations, concernant une soixantaine de femmes.

Durant la phase d’expérimentation, 25% des femmes déclaraient avoir déjà subi des agressions physiques, sexuelles ou verbales. Avec plus de 1 600 consultations déjà réalisées et près de 2 600 femmes en situation de handicap à intégrer, le Handigynéco vise grand.

Le programme vient de bénéficier d’une reconnaissance institutionnelle majeure avec l’inscription, dans la loi de financement de la Sécurité sociale pour 2025, d’une consultation longue de gynécologie destinée aux personnes handicapées, ainsi que de séances de sensibilisation à la vie affective et aux violences.

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