La liste des membres du premier gouvernement d’Elisabeth Borne a été annoncée vendredi 20 mai. Elle se compose de treize nouvaux visages, dont Pap Ndiaye qui prend le ministère de l’éducation nationale à la place de Jean-Michel Blanquer. Cet universitaire français de 56 ans, spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis et des minorités, est attendu pour prendre le contrepied de son prédécesseur. En particulier sur la réforme du baccalauréat et du lycée.
L’historien Pap Ndiaye à la rescousse de l’école
Cinq jours après la nomination de la première ministre Elisabeth Borne, le secrétaire général de l’Élysée Alexis Kohler a dévoilé, le vendredi 20 mai, le nouveau gouvernement français. Il a annoncé une équipe de 28 membres, à parité entre hommes et femmes. Contre 42 ministres pour le dernier commando de Jean Castex. On retrouve dans la liste quinze anciens membres du précédent gouvernement. Certains ont conservé leur portefeuille comme Bruno Le Maire et Gérald Darmanin, tandis que d’autres ont changé d’adresses tels que Sébastien Lecornu et Olivier Véran.
On note aussi de nouveaux visages, parmi lesquels Pap Ndiaye, nommé ministre de de l’éducation nationale, en remplacement de Jean-Michel Blanquer. Cet universitaire français de 56 ans est spécialiste de l’histoire sociale des Etats-Unis et des minorités. Il était jusqu’alors directeur du Musée national français de l’histoire de l’immigration. C’est Emmanuel Macron qui l’a désigné à ce poste au printemps 2021.
Issu d’une famille d’intellectuels
A travers cette nouvelle nomination, le chef de l’Etat, dit-on, voudrait lancer un appel à la nation. Il souhaiterait apaiser le débat autour des tensions identitaires, exacerbées par certains de ses ministres. Né d’un père Sénégalais et d’une mère française, Pap Ndiaye serait très bien placé pour briser la digue raciale qui menace d’emporter la France. On parle de lui comme d’un homme posé, très censé et calme. Il ferait preuve d’une grande maîtrise de soi et d’une bonne éducation reçue dans une famille très intellectuelle.
En effet, sa soeur est la romancière Marie Ndiaye, lauréate en 2009 du prix Goncourt pour «Trois femmes puissantes». Sa mère, elle, enseignait les sciences naturelles et son père a eu une carrière d’ingénieur. Son épouse Jeanne Lazarus est sociologue et enseignante comme lui à Sciences Po. Ils ont eu deux enfants. Pap Ndiaye a aussi écrit de nombreux ouvrages, dont «Obama dans l’Amérique noire» et «La Condition noire : essai sur une minorité française».
Une prise de position sur l’islamo-gauchisme
Le nouveau ministère de l’éducation nationale porte une attention particulière à la situation des minorités, surtout noires. Dans une tribune, il assurait qu’il existe bien un racisme structurel en Hexagone, visible notamment à travers les pratiques de la police. L’historien a également pris position lors de la controverse sur « l’islamo-gauchisme » à l’université en février 2021. Selon lui, ce terme ne désigne aucune réalité dans le temple du savoir. Il a pointé le degré de méconnaissance du monde politique sur les recherches universitaires, particulièrement celles des sciences sociales et humaines.
Déjà ciblé par l’extrême droite
Du fait de ses idées et croyances, certains politiques estiment que Pap Ndiaye est un « anti-Blanquer ». Ils le voient déjà en traint de détricoter en règle la réforme du lycée. Tou ceci pour satisfaire la gauche radicale et les enseignants woke (progressistes). D’autres observateurs le voient simplement comme un ministre en carton car il ne connaît rien aux affaires de la Rue Grenelle. Il n’a jamais fait partie d’aucun cabinet.
Les critiques vont même jusqu’aux attaques virulentes, particulièrement du côté de l’extrême droite. En tête des croisés, Marine Le Pen. La président du RN s’est offusquée de la nomination d’un « indigéniste assumé, à l’éducation nationale ». Pour elle, c’est « la dernière pierre de la déconstruction de notre pays, de ses valeurs et de son avenir ». Même son de cloche au sein de Reconquête ! d’Eric Zemmour. Là-bas, on déplore qu’il ait participé en 2016 à des réunions interdites aux Blancs aux côtés des pires « indigénistes ».